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                          ET DE L'INDUSTRIE.               215

 d'autres nous ne soyons sujets a des illusions. Notre société
avec ses ardeurs industrielles, ses convoitises, ses frivoli-
tés, nous semble une marâtre pour l'artiste ; nous voudrions
lavoir se montrer plus généreuse envers lui. Mais à ceux
qui s'imaginent volontiers que l'artiste, dans l'antiquité,
marchait de. pair avec les personnages les plus en évidence,
que les yeux de ses contemporains étaient constamment
ouverts sur lui, que sa vie enfin était un triomphe continuel,
je me bornerai à dire : Connaissez-vous beaucoup de pein-
tres et de sculpteurs qui aient été nourris dans le Pryta-
née aux frais de la République? Pouvez-vous citer beaucoup
de statues élevées en leur honneur? 11 y a un homme qui
vivait au temps des Antonins, et qui nous a laissé, sous le
titre de Description de la Grèce, une véritable histoire des
monuments anciens, c'est Pausanias; essayez de trier parmi
les innombrables statues qu'il énumère celles qui se rappor-
tent aux artistes; il n'y en a point, que je sache, du moins
à Athènes, pas même une pour Phidias. Et pourtant Phidias
avec son ciseau contribua presque autant qu'Homère avec
sa lyre à la formation définitive du Panthéon hellénique ;
sous sa main les rêves du Rapshode prirent un corps dans
le marbre et dans l'ivoire. Et pourtant encore jusqu'à l'épo-
que romaine la sculpture fut, en Grèce, un art public, ex-
clusivement consacré a l'embellissement de la cité et à la
décoration des temples. Posséder une statue dans sa maison
eût semblé en ce temps la une profanation (1).
   Comment donc, avec le caractère religieux de leur art, et
dans une société si sensible à la beauté plastique, s'expliquer
que les statuaires, comme les peintres du reste, aient été ex-
clus d'un honneur qui n'était plus réservé seulement aux
héros, aux législateurs, aux généraux victorieux, mais

  (1) Uceren. tome 7, p. 59fc>.