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ïM2 DUS AFFINITÉS DE LA POÉSIE de lame de cette race de prédilection brille, comme le signe lumineux de sa destinée , la plus haute faculté de sentir et d'exprimer le beau qui fut jamais, il est permis d'affirmer que cette faculté n'a été si vive et n'a jeté tant d'éclat que parce qu'elle fut associée à d'autres qualités, inférieures, si l'on veut, mais néanmoins fécondes , également nécessaires, qui lui servirent de soutien, d'auxiliaire et d'aliment. Peuple unique ! il semble qu'en délibérant de le créer pour l'offrir en exemple au monde, la nature ait voulu prouver, par le soin qu'elle a mis a balancer exactement les parties de soif esprit et a façonner le théâtre le plus convenable a son action, que les conditions de la production économique ne sont pas diffé- rentes de celles de la production esthétique, et que, par les mêmes lois, se meut le double monde de l'utile et du beau. Voyez, comme la Grèce, imbue de ces idées a composé le mythe de Mercure , la fable d'Hermès. Pour elle le Dieu des échanges et du trafic, le Dieu conducteur, le Dieu à la verge d'or, est aussi le Dieu inventeur de la lyre, le Dieu de l'éloquence, le Dieu de la place où l'on parle en même temps que celui de la place où l'on vend (1), elle en a fait le type divin de l'éphèbe dans sa beauté adolescente ; en cette qualité, 'elle l'invoquait dans les gymnases, il présidait aux exercices de la palestre et du stade , et sur son corps, comme sur celui d'un frère d'Apollon , les poètes et les artistes s'épuisaient a répandre la jeunesse et la grâce. C'est ainsi que la Grèce, en créant ses Dieux a son image et en leur prêtant ses mœurs, a su concilier ce qui nous semble disparate et incompatible , et tendit constamment à idéaliser la nature humaine, sans la mutiler ni la diviser. Avec le même esprit de compréhension tolérante, d'unité, d'équité impartiale et de respect pour tous les éléments qui (1) Voir, pour ces détails mythologiques, Y Histoire des religions de la Grèce antique, par Alfred Maury.