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ET DIS L'INDUSTRIE. 213 font l'homme , elle a ordonné la sublime figure de Pallas Athéné, sa déesse éponyme, sa grande patrone. Cerles , quelle ville a plus honoré le courage militaire que la patrie de Miltiade et de Cynégire? Elle s'est bien gardée pour- tant, en s'abandonnant h sa spontanéité déifiante, de ne lais- ser prédominer que ce trait dans la physionomie de la déesse; elle l'arma de la lance, du casque, du bouclier; mais parmi ses attributs elle mit la navette et le fuseau ; Pallas a été la déesse victorieuse et conquérante qui détruit les villes enne- mies et ébranle les remparts, mais aussi la déesse de la jus- tice et de la sagesse; la déesse aux pensées nombreuses, la déesse des arts et des inventions utiles. Les Athéniens ne croyaient pas l'abaisser en lui décernant l'épithète d'Epyxvr, (ouvrière), ou de MupviTM (habile aux arts mécaniques). Sous le premier nom, elle avait sa statue dans l'Acropole même, sous le second à Olympie. Pour achever de l'idéaliser complètement ils la déclarèrent vierge et lui donnèrent des yeux glauques, c'est-à -dire couleur de cette mer a laquelle ils devaient tant. Ils lui devaient, en effet, outre une bonne partie de leur religion et leur primauté politique, jusqu'à la richesse du dialecte qui leur était propre. Car , ainsi que l'a remarqué Xénophon, à force d'entendre parler au Pirée toutes sortes de langues, les Athéniens avaient pris de celle-ci telle ex- pression, telle autre de celle-là , et ils avaient fait ainsi un heureux mélange de ce qu'il y avait de meilleur chez les Grecs, et chez les barbares. Ils devaient encore autre chose h cette mer, amie des Grecs comme l'avait appelée l'oracle; ils lui devaient la con- dition': la plus essentielle du développement des arts et des lettres chez un peuple, je veux dire des institutions libres. Ce n'est pas ici le lieu de juger ces institutions. Que la dé- mocratie d'Athènes ait été excessive , qu'elle ait commis