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ET DE L'INDUSTRIE. 205 de l'Egypte et de la Chersonèse-Taurique, les bois de con- struction, le chanvre et les goudrons que les besoins de sa marine l'obligeaient à aller chercher en Thessalie et en Macédoine. Pour payer tout cela, son nécessaire d'abord , et ensuite son luxe qui, après les guerres mediques, devint considérable, il lui fallait d'autres ressources; et, ces res- sources, elle les trouvait dans les produits de ses manufac- tures; en retour de ce qu'elle recevait, elle donnait ses armes, ses casques, ses cuirasses, faits avec le fer des îles de la mer Egée, et dans la fabrication desquels ses ouvriers excellaient ; ses bijoux de toutes sortes , ses b/acelets, ses bagues précieusement travaillés, et dont la matière première lui venait d'Ethiopie ou des gîtes aurifères de l'île de Tha- sos ; elle livrait encore ses vases peints aux formes admi- rables que ses colonies les plus reculées se disputaient, ses étoffes en laine de Phrygie, manufacturées dans ces tisseranderies célèbres dont l'origine remontait jusqu'à Cé- crops, ses vaisseaux d'argile ou de bois où se gardaient les vins d'Andros et de Chio, ses briques, ses cuirs, ses bas- reliefs pour demeures ou tombeaux, ses trépieds, ses lam- pes, ses bronzes , ses pierres gravées, ses instruments de musique, ses jouets d'enfants, ses essences coûteuses ; enfin, pardessus toutes ces richesses , fruits du travail, elle jetait dans la balance des échanges les services de son commerce, si actif et si varié. Ici, nous touchons à un des traits les plus saillants de la civilisation hellénique , l'instinct du trafic. Cet instinct , plus encore que l'esprit industriel , distinguait la race ionnienne ; il égala presque chez elle la faculté poétique ; el, à vrai dire, si l'on fait abstraction de cet instinct et de sa part d'influence, rien dans la destinée d'Athènes n'est explicable, ni ses institutions, ni ses richesses, ni sa gran- deur, ni ses arts.