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202 DES AFFINITÉS DE LA POÉSIE en tout pays et à toute époque, ont passé pour vulgaire, il y avait le grand trafic maritime, les constructeurs de vais- seaux, les armateurs, les maisons de banque, les proprié- taires de carrières ou de mines dans le Pentélique ou le Laurium, ou plutôt ceux qui les affermaient de l'État moyen- nant une redevance et les exploitaient par des esclaves ; il y avait les propriétaires d'immeubles urbains, d'un bon rap- port dans une ville comme Athènes où affluaient constam- ment les étrangers attirés par son commerce , ses fêtes si multipliées, ses arts si brillants, ses tribunaux dont l'abusive juridiction s'étendait sur tous les alliés, jusque dans la Carie, la Doride et la Thrace ; il y avait la propriété rurale, très- morcelée dans l'Attique , où le régime de l'égalité des par- tages entre héritiers , déjà pratiqué au temps d'Homère, ne souffrait aucune restriction (1) ; il y avait, enfin, l'industrie proprement dite, les manufactures. Quand on parle de manufactures, l'esprit a d'abord quel- que peine à se figurer ce que ce mot représente au temps d'Aristide ou de Cimon. Cependant, avec un peu d'attention, on comprend aisément combien l'esclavage devait tendre à imprimer au travail antique la forme collective qui est propre aux manufactures. A l'origine, les esclaves trouvaient leur emploi dans la maison, dans la famille ; mais, lorsque leur nombre se fut accru au delà de ce qu'exigeait le service do- mestique, il devint naturel de chercher a les utiliser en les groupant, suivant ce qu'ils savaient faire , dans des ateliers plus ou moins considérables où ils furent assujétis à tra- vailler sous la direction d'un contre-maître. Ces ateliers, au moyen desquels l'appropriation de leur travail au profit du maître était rendu facile, constituèrent les manufactures pri- mitives ; on en comptait un grand nombre h Athènes, et leur (1) Aristoto : 1M poW'q>if, fliap, 5.