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ET DE L'INDUSTRIE. 203 diversité, poussée très-loin, témoigne que dès cette époque la puissance de la division du travail et les avantages de la séparation des occupations étaient bien compris. La to- talité ou tout au moins la plus grande partie des produits jetés sur le marché sortait de ces ateliers ; ce que pou- vait y ajouter le travail manuel, exercé isolément, était peu de chose en comparaison. Des travaux mêmes qui chez nous sont restés l'objet de professions, comme la boulan- gerie, avaient pris chez les Grecs, grâce a ce mode d'orga- nisation, une ampleur tout a fait industrielle. En général, le revenu d'une ou plusieurs manufactures entrait dans l'éta- blissement des fortunes de condition moyenne. Les plus grands citoyens, comme Alcibiade et Callias , fils d'Hyponi- cus, en possédaient. Eschine le philosophe avait une fabri- que de parfums ; Léocrate un atelier de forgerons • le ban- quier Pasion une fabrique de boucliers ; le père de Timar- que dix esclaves en cuir, un chef-d'atelier , une habile ou- vrière en lin, un brodeur, outre une terre dans le dême de Sphettos et une ferme dans celui d'Alopéké. La succession de Conon comprenait des esclaves passementiers et des esclaves droguistes; et enfin Démosthènes avait recueilli dans celle de son père deux manufactures , l'une de vingt escla- ves faisant des sièges, et l'autre de trente esclaves faisant des épées (1). Telle était, dans son élément fondamental et dans sa forme la constitution de l'industrie d'Athènes. Son régime intérieur était libre. Aucun document ne nous est parvenu qui laisse supposer que ses hommes d'État aient jamais songé à la réglementer, à la protéger, à influer sur la marche ou la na- ture de sa production. De semblables dispositions paraissent avoir également présidé a l'établissement de ses douanes et (I) II. Wallon : Histoire de l'esclavage dans l'antiquité.