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Iî)0                 ALLOCUTION DU PRÉSIDENT.

épWmVeie céleste besoin d'enfanter la parole, je me figurais
Cette grande éloquence philosophique, religieuse, littéraire
qui s'inspire de la nature, s'enseigne de l'histoire et se re-
cueille en Dieu.
   Je palpitais encore de cette émotion , quand, a travers
les derniers rameaux de la chaîne montueuse qui fuyait
à l'horizon du soir, j'aperçus les collines de Gaëte que sur-
monte, comme un phare éternel, la tombe de Plancus , fon-
dateur de la colonie lyonnaise, qui Vint mourir aux pieds du
promontoire de la nourrice d'Enée.
   Cette vue rappela les souvenirs de la patrie absente; je
songeai qu'elle aussi avait reçu de la Providence tous lés
dons de grandeur et de sagesse qui inspirent, tempèrent et
élèvent la parole.
   Je me représentai celte capitale des Gaules impériales
resplendissant encore de la gloire des deux races qui vécu-
rent en elle , puissante par la parole et par l'épée , comme
les superbes maîtres du Capitole, et comme ces fiers Gaulois,
dont Gaton a loué la langue et le bras par ces deux traits cé-
lèbres.... « Rem militarem et afgutè loqui (1). »
   Je révoyais cette autre Rome des âges chrétiens, siégé des
premiers docteurs, tombeau des premiers martyrs, sanc-
tuaire des grandes assemblées de l'Eglise, trésor du Com-
merce de l'État, dont l'industrie est un art, dont l'art est
une école, dont les comptoirs ont donné des traducteurs k
Homère, des orateurs au parlement, des Wros à la victoire.
   Je me sentais fier de ce double caractère de modération
et d'énergie, toujours inséparable de là vraie grandeur et
qui n'a jamais cessé de présider à ses destinées. Je retrouvais
cette généreuse cité, ardente aux élans de $â , héroïque
   (1) Pleraque Gallia duas tes indnstriosissime pcrscqaitur : rem militarem
et argutè loqui.
   M. Cato, apud Charisium, lnstit. gramm. lil>. II.