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180 ALLOCUTION DU PRÉSIDENT. Dieu; qui vit les tentes d'Abraham, écouta la harpe de David > admira les magnificences de Salomon et retentit encore de la parole du Verbe. Dans cet écroulement imminent du mahométisme, la philosophie pressent le plus grand événement du siècle. Il peut refaire l'équilibre politique de l'Occident, il doit surtout régénérer la vie sociale de l'Orient tout entier. En effet, le mahométisme est partout en Asie, il agite les peuplades du plateau central et franchit les murailles de la Chine. C'est lui qui a armé les assassins de la mer Rouge et donné le premier signal des convulsions de l'Inde. Avec lui tombera cette redoutable barrière que sa brutale immobilité interpose depuis douze siècles entre l'Europe et l'Asie, et qui pèse douloureusement sur toutes deux. Elle seule sous- trait les antiques civilisations de l'extrême Orient a la pleine lumière de cette vérité primitive, dont quelques rayons soutiennent encore leurs institutions dégénérées. Cette barrière, l'Occident l'a déjà tournée par sa vapeur et par ses flottes; il l'assiège par l'électricité; il lui sera donné alors de la pénétrer de toutes parts par les popu- lations et les frontières. Ce jour rendra l'Asie à l'Europe. Alors toutes les civilisa- tions se donneront la main, le christianisme leur tendra la sienne, pleine comme toujours de lumières et de bienfaits ; il marchera, comme à son aurore, avec la charité et la science. Dieu seul peut connaître les conquêtes de savoir et de ri- chesse, les transformations de mœurs, d'industries, de po- litique et d'histoire, que réserve aux annales de l'avenir cette unité enfin retrouvée et glorieusement étendue des deux mondes. Cette unité, que les nations propagent au dehors par l'ex- pansion de leur puissance, la philosophie la cimente au de-