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                      ALLOCUTION DU PRÉSIDENT.                 181

 dans par le progrès de leur solidarité. Elle se fait dans
 les littératures par l'étude des langues ; dans l'industrie par
 l'échange des découvertes ; dans les lois par le rapproche-
 ment des codes nationaux ; partout enfin par un enseigne-
 ment mutuel, que désormais rien n'arrête et qui devient plus
 puissant a mesure qu'il est plus facile, et plus facile à mesure
 qu'il est plus puissant.
    Cette unité tend a se faire aussi dans les institutions po-
 litiques; il reste sans doute la part nécessaire des besoins,
 des temps, des climats. Mais, si chaque peuple garde ses
 traits, la physionomie générale de l'humanité devient chaque
jour plus une et plus fraternelle ; partout les mêmes sen-
 timents l'animent, les mêmes contre-coups l'agitent, et on
 dirait qu'une même pulsation retentit sans cesse d'un bout
 du monde à l'autre. Les nations ne vivent plus seulement
les unes à côté des autres; elles vivent les unes par les
 autres, et, en quelque sorte, les unes dans les autres.
    Ce spectacle est, pour l'éloquence philosophique, un im-
posant enseignement et une source féconde. C'est pour elle
surtout qu'il n'y a plus de Pyrénées. Elle se dé voue avec ardeur
pour abaisser les derniers obstacles ; elle éclaire les intérêts,
relève les esprits, désarme les haines nationales. Elle ne
s'ingère ni dans les passions du jour, ni dans les intrigues de
l'heure; elle n'épie pas de secrets, ne devine pas d'énigmes,,
ne rêve pas de chimères.
    L'éloquent évêque de Clermont lui a appris que sur le sol
mouvant du monde ce n'est partout que représentation , et
que tout ce qu'on y voit de plus pompeux et de mieux établi
n'est l'affaire que d'une scène (1). Elle ne s'étonne ni de la
fragilité de nos constitutions éphémères, ni des oscillations
perpétuelles du pouvoir et de la liberté ; elle sait que dans

  (1J Massillon, Discours si»' la bénédiction des dt^apeaux,