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                   ALLOCUTION DU PRÉSIDENT.                   160

nouveau pouvoir, m'a paru digne de vous, approprié à nôtre-
temps, utile à notre pays.
   Ces considérations sur YEloquence académique se lient
d'ailleurs à l'histoire des vicissitudes de la parole insépa-
rables de celles de l'humanité.

    Quand la tribune tombe en Grèce avec la patrie, elle se
 réfugie dans les écoles et enseigne avec autorité les con-
 quérants qui l'ont vaincue. Quand ces conquérants succom-
 bent a leur tour sous le flot des Barbares, et plus encore
 sous le poids de leur propre servitude, ils se survivent par
 les leçons qu'ils ont héritées de la Grèce et dominent les
 vainqueurs, comme elle les avait eux-mêmes dominés.
    L'éloquence revêt ainsi des formes diverses appropriées
 a la marche des temps ; elle soupire et enseigne avec les
Pères, pour consoler les deuils de l'invasion, relever les
vaincus, régénérer les vainqueurs ; elle passe aux évêques
mérovingiens, comme aux moines de Charlemagne ; grandit
 dans le silence des cloîtres pour s'élancer au jour des croi-
sades, et précipiter l'Europe sur l'Asie. Elle visite, au retour
de l'Orient, la cour impériale et lettrée de Palerme, s'arrête
a la cour pontificale d'Avignon, semble refaire la papauté elle-
même au concile de Constance, gronde comme un orage aux
guerres de religion et s'illumine de ses plus radieux éclairs,"
sans cesser de lancer la foudre, quand le siècle de Louis XIV
lui prête son aigle inspiré. Massillon et d'Aguesseau pro-
jettent sur elle les derniers reflets du grand siècle ; l'approche
d'une immense rénovation sociale la ranime au barreau
comme pour préparer l'enfantement de la tribune moderne.
Celle-ci monte du premier coup au niveau des plus reten-
tissantes de l'antiquité ; tour à tour abattue et relevée, elle a
suscité de grands orages, accompli de grandes œuvres,
déployé de grandes magnificences,