Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
tOi-             CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉPOPÉE.

visité les principaux monuments dont les ruines gigantes-
ques jalonnent de loin en loin l'immense vallée du Nil, j'ai
eu l'occasion de constater de nouveau l'exactitude des pein-
tures homériques. Ainsi, par exemple, en étudiant les tem-
ples et les palais de Karnak, de Louqsor et de Médinet-
Habou, et, au-delà du Tropique, le merveilleux sanctuaire
d'ipsamboul, quel ne fut pas mon étonnement de retrouver
dans les innombrables bas-reliefs qui tapissent tous les murs
de ces monuments, des scènes de combats absolument ana-
logues a celles que décrit le poète grec ! Cette espèce d'é-
popée pharaonique, sculptée et peinte en même temps sur
des édifices antérieurs a la guerre de Troie, était pour
 mon esprit et pour mes yeux le plus éloquent commentaire
 de l'Iliade. La confusion de la mêlée, les armes des com-
battants, les luttes corps a corps, la forme des chars de
 guerre, tout reportait ma pensée vers certains épisodes cé-
 lèbres de ce poème, et je me demandais souvent si Homère,
 qui paraît avoir visité l'Egypte, n'avait pas pu s'inspirer lui-
 même de ces admirables bas-reliefs, qui étaient déjà vieux
 de plusieurs siècles quand il vivait. En effet, dans la colos-
 sale et imposante figure du grand Ramsès frappant de sa
 lance ou de ses flèches des centaines d'ennemis, ou les
 écrasant sous les roues de son char, qui ne croirait recon-
 naître cet Achille dont le bras renversait des bataillons en-
 tiers, dont la vue seule épouvantait les Troyens, et qu'Hector
 iui-même craignait d'affronter? C'est ainsi que l'antique
 Egypte peut éclairer les âges primitifs de la Grèce , et que
 les sculptures de ses vieux monuments jettent une lumière
 inattendue sur les poésies homériques dont elles servent a
 confirmer la véracité.
    Si je ne craignais, Messieurs, d'abuser de votre attention,
 je vous montrerais de même que l'épopée virgilienne est éga-
 lement aussi nationale qu'elle pouvait l'être, et que le poète