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CONSIDÉRATIONS Sl'K 1,'ÉPOPÉE. 103 vaillant Hector et a sa touchante Andromaque, au voluptueux Paris et k cette Hélène dont la beauté trop fameuse avait allumé contre la ville dont je foulais la poussière la guerre qui la réduisit en cendres. Le lendemain, j'examinai le long de la côte les divers tumuli élevés en l'honneur des princes qui avaient succombé dans la lutte ; parmi ces tertres fu- néraires, véritables collines factices, que le temps et les hommes ont encore en partie respectées, je remarquai sur- tout le gigantesque tumulus d'Achille, digne par sa hauteur d'un tel héros, et dont Alexandre fit plusieurs fois le tour, honorant ainsi les mânes du glorieux fils de rélée, et re- grettant amèrement de n'avoir pas, lui aussi, un Homère pour chanter ses exploits. Enfin, pour embrasser d'un même regard la Troade entière, je gravis le sommet du mont Ida, qui est toujours, comme jadis, couvert de forêts et abondant en sources. De la je contemplai k loisir et la plaine d'Ilion , et les fleuves qui l'arrosent et l'île voisine de Ténédos ; je distinguai également les îles plus lointaines d'Imbros, de Lemnos et de Samothrace, et, en les considérant, je ne cessais d'admirer la véracité du poète et sa fidélité des criptive. Vous le voyez donc, Messieurs, l'épopée homérique ne repose nullement sur des données fantastiques et imaginaires. Les événements, les traditions, les hommes, les lieux, tout y est reproduit sous des couleurs d'autant plus saisissantes qu'elles sont plus vraies, mais elles sont vraies de cette vé- rité idéale qui est le propre de la poésie. Poèmes éminem- ment nationaux pour l'ancienne Grèce ; l'Iliade et l'Odyssée ont traversé les siècles, sans rien perdre néanmoins de leur intérêt, parce qu'elles renferment la peinture fidèle d'un monde qui n'existe plus et d'une nature qui n'a point ou qui a peu changé. L'année dernière, ayant parcouru l'Egypte et la Nubie et