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)80                  JUPÎ'ORT DE M. DARËSTE.

l'avance et plus ou moins uniforme, afin qu'un jour leurs travaux
puissent , réunis et coordonnés, acquérir une valeur générale
 et d'ensemble. Les questions locales ne peuvent être bien étu-
diées que sur les lieux et par des hommes connaissant à fond
le pays et ce qui l'intéresse. D'un autre côté, les monographies
bien faites ne s'adressent pas seulement à la curiosité des savants
d'un département ou d'un canton, elles peuvent offrir partout le
plus grand intérêt au public instruit et lettré. Il serait facile d'en
citer de récents et surtout de frappants exemples. Ainsi, l'Aca-
démie des Inscriptions et Belles-Lettres disposait naguère du
dernier vacant de ses fauteuils en faveur de l'auteur d'études
pleines de mérite, il est vrai, sur les chartes de la Normandie
au moyen âge.
    Nous devons ajouter qu'il se fait aujourd'hui dans la science
un remarquable travail d'association et de concentration. Naguère
encore les individualités y étaient souveraines ; il n'était pas
rare de voir des savants, dédaignant la popularité et au besoin la
lumière, garder les trésors de leur science avec un soin jaloux,
et en surveiller les abords avec une sollicitude ombrageuse,
comme s'ils eussent pris pour devise le odi profanum vulgus et arceo.
C'est là, grâce à Dieu et à l'intérêt croissant que montre le public
pour certaines études, une tradition disparue. On comprend au-
jourd'hui que le travail d'un homme n'a de valeur qu'autant qu'il
tient sa place dans le travail d'une génération ; que les forces
intellectuelles, comme les forces matérielles, sont faibles quand
 elles sont isolées, tandis qu'unies elles forment un plus solide
faisceau; qu'il n'y a guère d'études purement abstraites, et que
toutes ou presque toutes s'adressent, bien qu'à des degrés divers,
 au véritable public ; que l'archéologie en particulier, c'est-à-dire
la science fort étendue qui comprend toutes les branches des
 connaissances historiques et artistiques, intéresse tout le monde
 par quelque côté. En effet, il n'y a rien dans les recherches qui
 lui appartiennent qui ne soit de nature à exciter la curiosité, à
 étendre les connaissances, à mûrir le jugement, à perfectionner
 le goût.

   L'Académie de Lyon, préoccupée h juste titre de ces consi-