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44            NOTICE SUR M. DE LEZAY-MARNÉSIA.

vers Madame de Lezay qui l'avait secondée de tous ses efforts.
   Mais les malheurs se suivaient de près : à la misère
apportée par les inondations allait se joindre la gêne causée
par la cherté des céréales. Pourtant la tranquillité ne reçut
dans Loir-et-Cher que de légères atteintes de la détresse
où se trouvait la portion la moins aisée de ses habitants.
Il dut cette absence de troubles sérieux aux excellentes
mesures de son Préfet, puissamment aidées de cette man-
suétude inhérente au caractère blésois que nous avons déjà
signalée. La confiance de la population dans l'attitude de
son premier magistrat ne cessa d'attirer sur les principaux
marchés du département le concours ordinaire des vendeurs
et des acheteurs, comme aussi d'y maintenir l'approvision-
nement en quantité suffisante.
   Quelques jours c(e repos suivirent, soudain interrompu*
par le retentissement d'une grande commotion populaire :
c'était la Révolution de 1848.
   Cet événement ne permettait au comte de Lezay aucune
hésitation sur le parti qu'il avait à prendre. Préfet de la
royauté, il devait résigner les fonctions qu'il tenait d'elle. Il
abdiqua paisiblement, heureux, en rentrant dans la vie pri-
vée , de laisser tranquille, en dépit de vaines agitations, le
département qu'il avait administré durant vingt années.
   Sur le débris des dynasties renversées, la démocratie
victorieuse s'essayait a manier l'arme du pouvoir. En quelles
mains assez fermes et assez habiles devait se relever l'au-
torité ? Dans son incertitude, il interrogeait le passé, il
sondait l'avenir, leur demandant l'homme à qui il serait
donné de reconstituer, sur de plus fortes assises, le pouvoir
ébranlé. Il avait trop de perspicacité, trop d'expérience des
hommes et des affaires pour ne pas reconnaître à des mar-
ques certaines, a des signes visibles , celui dont la France
attendait sa délivrance, l'homme de la situation, en un mot.