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28 DE L'UNITÉ DE L'AME PENSANTE un ton d'indignation et avec des airs de pudeur offensée dans le camp du double dynamisme. Nous répondrons que dépouiller l'âme, sous prétexte d'indignité, des fonctions vitales, c'est faire a peu près de la même façon que ceux qui, pour le même motif, enlèvent à Dieu le gouvernement du monde, Otons-nous donc a l'âme une seule de ses vertus supérieures en leur adjoignant la faculté, qui est aussi une perfection et une vertu, quoique d'un ordre inférieur, de composer et d'entretenir le corps ? Peut-il y avoir quelque chose de vil en soi dans tout ce qui est nécessaire pour l'en- tretien et pour le développement de la vie humaine. Je ne vois rien qui s'oppose à l'alliance , dans un même être , de fonctions d'un ordre supérieur avec des fonctions d'un ordre inférieur. L'union de l'âme avec le corps laisse sub- sister son union avec Dieu, pourquoi l'énergie vitale ne pourrait-elle pas coexister en son sein avec la liberté et la raison ? J'ajoute que cette doctrine, outre l'avantage de rétablir l'unité et l'harmonie dans l'homme, a aussi celui de rétablir la suite et l'enchaînement dans l'ensemble des êtres de la nature. Si l'âme est une pure pensée, il est certain que Descartes a raison de n'admettre qu'une seule âme dans toute la nature, l'âme de l'homme. Mais si l'âme est une force douée , soit en puissance , soit en acte, d'un certain nombre de facultés et d'énergies parmi lesquelles se trouve l'énergie vitale, il n'est plus nécessaire de la supposer uni- que dans le monde et de refuser, contre toutes les règles de l'analogie, des âmes inférieures aux animaux. Ainsi avec notre sentiment sur l'âme , nous rétablissons cette grande, chaîne d'intermédiaires entre l'homme et la matière inanimée, qu'à la suite du mécanisme de Descartes , le double dyna- misme trouble aussi et rompt à sa manière. Mais si nous peu- plons la nature entière de multitudes infinies d'autres âmes