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26                 DE L'UNITÉ DE L'AME PENSANTE

existence distincte de l'âme, comme aussi rien de plus
mobile et de plus incertain que cette prétendue ligne de
 démarcation par où on prétend séparer leurs domaines
respectifs.
   Mais alors même que nous n'aurions pas réussi a per-
suader que la production des phénomènes de la vie a un
certain retentissement dans la conscience, suivant le senti-
ment de Leibniz, nous pouvons nous replier en toute con-
fiance derrière ces irrésistibles présomptions en faveur de
l'unité de la cause humaine que nous avons tirées, soit de
l'essence de l'âme, soit de l'unité de notre nature, soit enfin
de cette grande règle qu'il ne faut pas multiplier les êtres
sans nécessité.

                                   IV.

   Pour dissiper tous les scrupules, montrons qu'en liant
l'âme au corps par les fonctions de la vie nous ne l'enchaî-
nons pas d'une manière nécessaire à sa destinée, et que
loin de compromettre, nous consolidons plutôt les vérités
fondamentales de la philosophie spiritualiste.
   En vérité, il serait bien étrange qu'une doctrine qui a été
celle de saint Thomas et de Leibniz fût incompatible avec
la spiritualité et l'immortalité. Mais néanmoins ne négli-
geons aucune objection. On a reproché a Aristote de con-
fondre l'âme avec le corps en mettant la nutrition au nom-
bre des facultés de l'âme (1). Ce reproche n'atteindrait pas
seulement Aristote, mais tous les philosophes animistes. Ce-
pendant si les fonctions vitales, comme on le pense également
du côté des animistes et de celui des partisans du double
dynamisme, exigent un principe distinct des organes, supé-

  (1) Introduction à la traduction du traité de l'âme, par M- Barthélémy
Saint-Hilaire