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380                ÉTUDE SUR BLAISE PASCAL.
pires. Ils ont longuement et savamment développé ce point, ils
ont fait là-dessus des chapitres et même des volumes, sans que
ce point s'en soit trouvé plus clair et ce principe mieux établi.
Ils ont pris des textes pour des arguments, des usages judiciaires
pour des principes, des maximes de palais pour des règles de
droit des gens, ont étouffé sous un amas de citations incohé-
rentes ou de raisons sans valeur les raisons meilleures qui leur
étaient venues par hasard, et grâce à cette confusion ont obscurci
la science au lieu de l'éclairer. Leurs livres ont même l'incon-
vénient de porter l'attention sur l'origine des propriétés et des
territoires, de faire apercevoir les injustices et les usurpations
du commencement des choses, sans montrer suffisamment
comment ensuite elles sont effacées, de faire naître des doutes
sur la légitimité des institutions et des sociétés. Quant à Pascal,
il ne fait ni volumes, ni chapitres, il se contente de dire: « 11
ne faut pas remonter à l'origine, c'est le moyen de tout perdre,
il faut faire considérer l'usurpation comme authentique et éter-
nelle si on ne veut qu'elle prenne bientôt fin ; et ailleurs : « Ne
pouvant fortifier la justice, on a justifié la force, afin que la
force et la justice fussent ensemble, et que la paix fût. » 11 dé-
gage ainsi la prescription de toutes les questions accessoires,
de tous les arguments parasites, de toutes les citations super-
flues ; il la présente sous le seul côté qui la puisse justifier, le
côté de la nécessité et de l'ordre. Le doute n'a pas le temps de
naître, la société d'être ébranlée, il ne reste point d'ombres
dans l'esprit, deux phrases nettes et claires ont posé le problème
et l'ont résolu.


                                V.

   Publiciste, philosophe, moraliste, écrivain, savant, et dans
plusieurs genres de science, voilà bien des gloires et bien des ta-
lents ! Mais personne, hors Dieu, ne tire tout de lui-même, tout
le génie du monde ne peut soustraire un homme à l'empire de
son siècle ou de ceux qui l'ont précédé, et, au milieu de tant de
mérites, nous avons entrevu déjà, et nous allons constater