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     352                       CHRONIQUE THÉÂTRALE.
     bien l'interrègne qui existait à l'Opéra, depuis que Duprez l'a quitté ; peut-
     être arrivera-t-il à faire oublier ses devanciers? je le souhaite.
<       Les triomphes de M. Gueymard, en entraînant toute la ville à ses repré-
     sentations, ont un peu étouffé le grand succès de Galatée, où M me Cabel
     s'était montrée si supérieure comme chanteuse et comme comédienne. Elle
     nous quitte , elle s'en va , et avec elle tout le charme et toute la poésie de
     notre opéra-comique de cet hiver.
        Les représentations de M. Gueymard ont encore nui à celles de Mlle Lu-
     ther, ce qui n'empêche pas Mlle Luther d'être une actrice tout-à-fait remar-
     quable. Elle a cela d'excellent pour elle, qu'elle ne récite pas ses rôles ; elle
     les dit. Cette simple différence suffit pour la faire distinguer d'une foule d'ac-
     trices estimées. Avec cette qualité, elle peut entrer dans le monde des
     grands artistes, et je découvre sous son ingénuité charmante une pointe de
     malice si prononcée, une telle finesse , tant d'esprit et tant d'aisance, que
    j'ose lui prédire qu'elle ira un jour frapper à la porte des Déjazet. Elle a
     l'organe incisif et net, mais cet organe se plie mal aux vibrations pathétiques ;
     c'est une raison de plus pour que Mlle Luther se dirige du côté que j'in-
    dique.                                                             J. T.

        Le 9 avril 1853 , sous l'influence d'une bonne pensée , éclose dans le
     coeur d'un digne prêtre, M. l'abbé Faivre, le Palais de VAhazar ouvrait ses
     portes à un public inaccoutumé, public d'élite que n'amenait pas ce soir-là
    l'amour de la danse, mais le besoin de répondre à l'appel qui lui était fait
     en faveur des petites filles de nos soldats. Un grand Concert militaire
     avait été organisé avec le concours de nos principaux artistes. Il a produit
    une recette de près de 8,000 francs. Celte somme sera affectée à élever
    tous les ans, dans une maison de providence, un certain nombre de jeunes
    filles et à les" préparer à devenir un jour de vertueuses femmes et de bonnes
    ménagères.
        La salle, si habilement transformée par M. l'architecte Exbrayat, présen-
    tait le plus imposant coup d'œil, et les onze musiques des régiments de la
    garnison ont soutenu leur réputation dans l'exécution des principaux mor-
    ceaux. M me Cabel, MM. Lucien , Vial et George Hainl se sont acquittés de
    leur tâche aux applaudissements de l'assemblée. M. Delestang a fait
    abandon de ses droits de directeur des Théâtres. C'est près de douze cents
    francs dont il a généreusement grossi la bourse des petites filles des soldats.
    Tout le monde , dans cette soirée, s'est élevé à la hauteur de l'œuvre
    si heureusement accomplie par MM. Faivre, Léo de Laporte et de Certeau.


       M. l'abbé Faivre et M. le docteur Théodore Perrin viennent de recevoir
    de Sa Sainteté la décoration de Saint-Grégoire-le-Grand. C'est là une ré-
    compense bien méritée par une vie de désintéressement et d'abnégation,
    passée : l'un, parmi les soldats de notre garnison ; l'autre, au milieu des
    jeunes incurables et des sourd-muets, auxquels il consacre ses soins gratuits
    depuis plus de trente années.

       Par un arrêté du 21 avril, le docteur Ch. Petit a été nommé médecin-
    inspecteur des eaux de Vichy, en remplacement du docteur Prunelle (an-
    cien maire de Lyon), nommé inspecteur honoraire.

                                          AIMÉ VraGTRimEn, directeur-gérant.