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M                   LES TOURISTES A ROME.

sairement l'admiration chez les gens les plus matériels; la
pleine lune éclairant ces murailles décrépites, et se jouant à
travers leurs nombreuses ouvertures, est quelque chose de
vraiment féerique.
   Il est de tradition, parmi les touristes , de parcourir les
galeries du Colysée, accompagnés de porteurs de torches. Cette
promenade doit présenter un assez bel intérêt pittoresque et
des effets à la Rembrandt, mais cependant ce spectacle artifi-
ciel est loin de valoir celui du clair de lune; dans le premier,
vousf n'apercevez qu'un petit coin du monument, tandis que
dans le second vous en voyez tout l'ensemble, et d'ailleurs le
foyer, qui illumine la scène, fait pâlir même la lumière du
gaz. Comme on a entendu vanter la visite du Colysée à la clarté
des torches, c'est une affaire de mode ; on ne s'inquiète pas de
savoir si la lune est nouvelle ou dans son plein, on loue tout un
personnel et on fait la promenade obligée, sans se mêler au
vulgaire, qui jouit tout simplement du spectacle grandiose
donné par la nature; la lune luit pour tout le monde, les
torches ne luisent que pour ceux qui les payent. Je conçois
parfaitement le plaisir pittoresque des flambeaux par une
nuit obscure, mais par une pleine lune c'est une absurdité.
Témoin du fait, j'ai pu très-bien observer que la lune étei-
gnait toute clarté rivale, et que les promeneurs parcourant
les longues galeries supérieures ne produisaient pas le moin-
dre effet. N'importe ! on aura agi comme ses devanciers, et
l'on pourra à son tour s'extasier sur un spectacle dont on
n'aura pas joui.
   Parmi ces admirations toutes faites, composant le bagage
du touriste, il en est une extrêmement générale. On est
dans l'usage de chanter sans restriction et sans intelligence
les louanges de Saint-Pierre du Vatican. Je ne peux
pas en donner ici une appréciation complète ; une élude de
ce genre demanderait beaucoup de temps et devrait être le