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330 LODIS-PHILIPPK D'ORLÉANS.
calmer la fermentation des esprits. Toutefois, la résistance
du gouvernement , reproduite à la tribune par le ministre
de l'intérieur , ébranla les disposions du parti réformiste.
A l'emploi de la force ouverte, il résolut de substituer celui
des voies parlementaires, et M. Barrot, régulateur suprême
de ces manifestations démocratiques, déposa, le 22 février ,
sur le bureau de la Chambre, une proposition de mise en
accusation du ministère.
Cependant, en présence d'une collision plus ou moins im-
minente, les chefs du gouvernement ne demeuraient pas
inactifs. Un grand mouvement de troupes s'opérait autour
de Paris : vingt-sept mille hommes étaient casernes dans
l'enceinte de la ville, quarante mille attendaient à ses portes ;
des forces imposantes occupaient Vincennes et le Mont-Va-
lérien, et tous les corps-de-garde de l'intérieur étaient for-
tifiés et crénelés. De nombreux piquets d'infanterie et de ca-
valerie défendaient les abords de la Chambre des députés.
Le 22 février, une forte colonne d'étudiants et d'hommes
du peuple, partie de la place du Panthéon, sillonne les rues
qui aboutissent au Pont-Neuf et pénètre sur la place de la
Concorde, lieu fixé originairement pour le rendez-vous des
réformistes. La force armée respecte leur passage, et les
dragons les dispersent sans les maltraiter. Mais le peuple,
exaspéré par les charges réitérées des gardes municipaux,
attaque et désarme leurs postes, et forme, sans les défendre,
des retranchements sur divers points de la capitale. Le len-
demain, l'émeute prend des proportions plus menaçantes.
De vifs engagements éclatent dans le quartier du Temple,
sous la protection de redoutables barricades. Vers onze heures,
le gouvernement se décide à regret à convoquer la garde
nationale. Mais la première apparition de ce corps, depuis
si longtemps hostile à la politique de Louis-Philippe, mo-
difie le cours des événements ; les légions s'assemblent aux