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                      LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.                 331

     cris de : vive la réforme ! et leur intervention pacifique dé-
    termine bientôt l'inaction des troupes, qui affluent sur tous
     les points de la capitale. À la porte Saint-Denis, sur les
    places des Petits-Pères, des Victoires, du Panthéon, la mi-
     lice citoyenne s'interpose entre les militaires et les insurgés,
     que protège le pavillon trompeur de la réforme, et partout
     les militaires battent en retraite. La résistance se concentre
    presque exclusivement dans la garde municipale, corps in-
     trépide, dévoué, mais numériquement faible. L'insurrection
     triomphe. A la suite d'une conférence très-agitée, le mi-
     nistère donne sa démission en masse, et M. Moléest mandé
     aux Tuileries. Mais c'est en vain qu'il cherche à faire com-
     prendre à Louis-Philippe la gravité de la situation. La sé-
     curité de l'aveugle monarque, secrètement entretenue par
     M. Guizot, résiste encore aux avis les plus menaçants, aux
    exhortations les plus pressantes. Les alarmes des princesses
    de la famille royale sont traitées de terreurs ridicules, dont
    on ne lardera pas à rougir , et les instances même de la
    duchesse d'Orléans, qui conjure avec larmes le roi de mé-
    nager le trône de son petit-fils, n'ont rien pu obtenir au-
    delà d'un changement de cabinet. N'a-t-il pas dit, la veille
    à un ambassadeur, dans un accès de belle humeur sur l'a-
    vorlement de la réforme, qu'il était à califourchon sur son
    gouvernement] M. Mole se retire sans avoir obtenu aucune
    concession. Cependant le bruit de la retraite du ministère
    éclate au dehors; Paris entier se livre à la joie, et tout annon-
    çait un dénouement pacifique à cette grande crise, lorsque,
    dans la soirée, une décharge meurtrière, partie du bataillon
    de la ligne qui garde l'hôtel des affaires étrangères, et pro-
    voquée par je ne sais quelle mystérieuse et criminelle agres-
    sion, rallume partout le feu de l'insurrection. On court aux
    armes, les barricades se relèvent, le tocsin sonne, et son glas
    ugubre remplit d'effroi les pâles hôtes des Tuileries. A une




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