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                         DE LA NATURE.                          103

ou moins élevé dans tout ce qui tombe sous nos sens, c'est la
Vie. Rien enfin ne saurait exister dans la nature sans une forme
qui le détermine et le rende sensible à l'intelligence humaine,
sans une idée en Dieu qui soit son type et sa raison d'être, sans
une vie qui soit sa propre participation à l'Être.
    Ainsi la création, ainsi l'être fini se trouve reproduire exacte-
ment le type du Créateur, de l'Être infini au sein duquel une
troisième énergie co-existe avec l'intelligence et la puissance
 pour former le complément de l'unité divine. L'Amour est cet
autre principe de la substance incréée, il est même, si l'on peut
s'exprimer ainsi, le principe de la vie de Dieu, l'attribut primor-
dial ; vis-à-vis de la nature, il est également le principe de créa-
tion, la cause par excellence, la source de la vie. De même que
dans la nature la forme correspond plus particulièrement à l'in-
telligence, que le support de la forme, c'est-à-dire la substance
ou l'idée se rattache à la puissance, ainsi la vie dérive plus par-
ticulièrement de l'amour.
    La nature est donc créée de tout point à l'image de Dieu; c'est
la représentation matérielle de l'être immatériel ; c'est la figure
finie de l'être infini ; c'est un miroir où se reflète pour les yeux
 de notre esprit la forme de l'invisible.
    En réalité, c'est Dieu à travers la création, c'est l'invisible à
travers le visible que va chercher le sentiment esthétique de la
 nature. La faculté poétique par excellence, le côté religieux de
 l'esprit de l'artiste, celui par lequel la poésie s'appuye sur la
 réalité, c'est la faculté de sentir ainsi la nature comme symbole
 du monde divin. Mais l'unité de ce puissant état de l'àme peut
 se rompre et se subdiviser en plusieurs facultés et sentiments
 partiels correspondants aux divers attributs, aux diverses faces
 de la nature. Ainsi, comme il y a dans la nature l'idée, la forme
 et la vie, il y a un sentiment poétique qui s'adresse surtout à la
 forme, un autre à l'idée, un autre à la vie. Dans une âme vaste
 et complète, ces trois activités subsistent, quoique d'ordinaire
  dans des proportions inégales ; tel homme comprendra mieux la
 forme dans la nature, tel autre percevra mieux l'idée, tel autre
  enfin sentira mieux la vie.