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56 DISCOURS DE M. A. BONNET. coordonnées, il faut compter sans doute Bernard de Palissy, resté célèbre par ses recherches sur la fabrication des pote- ries ; Agricola, auteur d'un traité longtemps classique sur la métallurgie; mais à part ces quelques hommes, la chimie scientifique fut cultivée presque exclusivement par des méde- cins. Après Paracelse, que nous pouvons réclamer à bon droil, et qui eut le mérite de combattre le premier la doctrine des quatre éléments, nous devons citer Vanhelmont, qui dé- couvrit l'air inflammable, désigné aujourd'hui sous le nom d'hydrogène, et prépara par cette découverte et par les dis- tinctions qu'il établit, la période brillante de l'analyse des gaz. Plus tard, Beker et Sthal, son élève, expliquèrent par le phlogistique le phénomène de la combustion, et établirent une théorie générale des phénomènes chimiques. Sans doute, la doctrine de ces hommes célèbres n'a pu résister à l'examen sévère et aux expériences du dix-huitième siècle ; mais elle eut la gloire de détruire définitivement les erreurs scholasti- ques, et c'est elle qui a habitué les esprits à rechercher dans les phénomènes chimiques autre chose que des applications, et à s'élever à la notion scientifique des phénomènes moléculaires. Cette influence des médecins sur l'établissement des doctri- nes chimiques, s'est fait sentir, même en des temps plus rap- prochés de nous. Sans nous mêler ici aux injustes détracteurs, qui cherchè- rent, du temps de Lavoisier, à atténuer le mérite des décou- vertes par lesquelles ce grand homme fonda la théorie qui préside encore aujourd'hui à l'interprétation des faits les plus généraux de la chimie inorganique, il nous sera permis de rappeler, que plus de cent ans avant lui, Jean Rey, médecin du Périgord, avait reconnu que les métaux augmentent de poids quand on les calcine et qu'il avait pressenti cette vérité, que l'augmentation de poids provenait d'une combinaison de l'air avec le métal calciné.