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402 ractère, l'éclat de ses dispositions lui eurent bientôt acquis l'affection du maître, affection dont l'élève conservera toute sa vie le souvenir le plus reconnaissant. Si le public savait au prix de quelles misères, de quels labeurs, de quelles fatigues, l'artiste achète parfois son talent, il se montrerait moins injuste et moins sévère. Nous avons connu toute une famille, que le père conduisait impitoyablement dans les routes fleuries de la science musicale, à grands coups de verges. Il fallait travailler sous peine du fouet et ces pauvres enfants étaient traités aussi durement que les nègres d'une plantation. Bau- mann paya aussi par de grandes fatigues l'inestimable prix des leçons de M. Baillot. N'ayant d'autre fortune, que la paie du régiment, il fît, à pied, pendant deux ans et tous les jours, le trajet de Versailles à Paris ; au Conservatoire ses progrès furent rapides et couronnés d'un succès éclatant. Il obtint au concoux-s de x8i8 le premier prix de vio- lon ; alors il quitta le régiment et vint se fixer à Lyon. A cette époque, l'art musical était encore engourdi dans les traditions routinières et provinciales ; il était de prin- cipe professoral qu'un amateur en savait toujours assez et que la 'musique n'entrait dans les programmes d'édu- cation, que comme un des éléments les plus futiles. La province était restée bien plus en arrière du mouve- ment de Paris, qu'elle ne l'est aujourd'hui et Baumann trouva notre cité peuplée de fort minces et fort rares talents. Heureusement son arrivée coïncidait avec cet effort d'impulsion et de progrès dans les choses et les idées, qui se développa énergiquement de 1818 à 18305 la mission, qu'il était appelé â accomplir, rencontra une maturité de situation, propre à rendre les résultats plus rapides et plus complets.