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 mière époque, dans le particulier de la civilisation; durant la
 dernière, dans le particulier de la nature. Pendant l'époque
 intermédiaire, on peut, en des circonstances heureuses, comme
 Platon et Dante l'ont prouvé, lui faire voir l'universel face à
face et sans nuages. Les hommes qui ont ce pouvoir reçoi-
 vent le surnom de divins.
    Après avoir ainsi considéré la place que Virgile occupe
dans le développement d'une des principales lois esthétiques
du genre humain, et, plus particulièrement dans celui de
la civilisation romaine, il nous reste à envisager le chantre
de la nature italienne en lui-même, pour montrer par sa vie
et par ses Å“uvres comment il remplit la mission que le des-
tin lui avait assignée.
    C'est l'an de Rome 684, sous le premier consulat de Pom-
pée et de Grassus, que Publius Virgilius Maro naquit à Andes.
Dans un temps où la physiologie a acquis une si grande im-
portance, il n'est pas inutile de remarquer que Maïa, la mère
de notre poète, semble avoir été d'une condition supérieure
à celle du mari qu'elle prit et qui fut, en effet, le mer-
cenaire, le fermier des terres et des troupeaux de Majus,
son propre beau-père. Si nous osions pousser plus loin no-
tre conjecture, nous dirions qu'en se mêlant à la simplicité
d'un homme des champs, la délicatesse et sans doute aussi la
tendresse un peu faible de la citadine, expliquent déjà la na-
ture du génie que produisit cette union ; nous ajouterons
que, dans l'enfantement des poètes, ces esprits doués du
cœur de la femme, il est ordinaire de voir prédominer l'in-
 fluence des facultés maternelles.
    Virgile reçut les premiers éléments des connaissances à
 Crémone; il paraît qu'il ne quitta cette ville qu'à l'âge de seize
 ans, pour se rapprocher plus encore des Alpes ; ce fut à
Milan, dans des écoles très suivies, qu'il apprit le grec,
 la médecine, les mathématiques, la philosophie. Plus