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quand l'autorité, qui contrôle et assagit, manque : on le vit à Fareins. Plus
tard aussi, quand le concordat sera signé, c'est dans ce groupe fervent que
se recruteront les membres de cette Petite Eglise, si curieuse à étudier
comme manifestation des tendances de l'âme lyonnaise. Mais de ce jansé-
nisme, elle ne sera pas le seul fruit. Je crois que l'historien futur du mouve-
ment religieux à Lyon, dans la première moitié du xixe siècle, sera amené
à lui faire peut-être une assez large part quand il étudiera la formation de
ces prêtres austères, de ces chrétiennes un peu rudes qui sont bien des fruits
de notre terroir.
      En face de ce mouvement, il y en eut un autre, durant le xvme siècle,
de franc-maçonnerie et d'occultisme, très intéressant mais encore insuffi-
samment étudié. Willermoz, Martinez-Pasqualis et Saint-Martin sont les
figures les plus marquantes. Il semble qu'ils voulaient tenter une résurrec-
tion de ces « initiations » qu'eurent les églises gnostiques et les cultes païens.
Certains crurent retrouver « l'arcane » du christianisme primitif. Quelle fut
leur influence sur la Révolution ? Nous tenterons de le déterminer. M. Geor-
ges Goyau a montré dernièrementJ, dans une étude sur Joseph de Maistre,
que le grand écrivain avait été un disciple fervent des francs-maçons lyon-
nais, qui cherchaient dans la magie blanche à étancher leur soif d'idéal.


                                                  m
     L'histoire purement religieuse de la Révolution est très délicate à
préciser, à cause des nombreuses attaches que l'Eglise avait avec l'Etat
sous l'Ancien Régime et qui rendent multiples les réactions réciproques de
la politique et de la religion. On a écrit qu'il y a une crise de l'Histoire
révolutionnaire : c'est vrai. A Lyon, le Siège et les événements qui le
préparèrent et le suivirent, achèvent de rendre plus ingrate la tâche de
l'érudit qui veut déterminer le rôle que joua dans ces circonstances l'élé-
ment religieux. D'autre part, l'histoire de ces groupements divers, qu'Au-
gustin Cochin appelait 3 d'un nom général Sociétés de Pensée, n'a pas été

   i. Revue des Deux-Mondes, i " mars 1921, p. 143.
   3. Augustin Cochin, les Sociétés de Pensée et la Démocratie,Patis, Pion, 1931.