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réaction contre le voltérianisme de l'esprit et contre le relâchement des
mœurs. Une pléiade de penseurs remit en honneur la philosophie chré-
tienne ; une succession de saints prouvèrent, par leur vie héroïque, que la
foi chrétienne n'avait rien perdu de sa vertu transformatrice des âmes. Par
eux, le xixe siècle sera pour l'Eglise de Lyon un des plus beaux de son his-
toire.
      Nous ne pouvons, dans cette étude, que signaler les tendances géné-
rales de la philosophie religieuse à Lyon, sans tenter l'étude détaillée de
chaque système. Il y eut véritablement école, car ces nobles esprits étaient
travaillés par la recherche même des problèmes, par des désirs semblables,
par des angoisses identiques ; une amitié les liait et sans cesse revient sous
leur plume pour dépeindre le commerce intime de leurs âmes, la comparai-
son avec les disciples de Platon causant avec leur maître dans les jardins
d'Academos. Ce qui paraît être, au fond, le plus original chez eux, c'est la
méthode : ils n'hésitèrent point à obéir aux tendances mystiques que leur
inspirait une foi religieuse profonde. Au lieu de l'intellectualisme pur, du
rationalisme cartésien ou du sensualisme de Condillac, qui tous faussent les
solutions en simplifiant les problèmes, ils ont repris cette forme de la médi-
tation qui nous fait aller au vrai de toute notre âme, sur la trace de Pascal et
de Malebranche. L'âme humaine tout entière est objet d'étude et d'ana-
lyse et l'on suit le vol de l'esprit jusqu'où le portent les ailes de la prière. Au
lieu des plantes desséchées et incolores d'un herbier, ils ont étudié les
arbres en pleine terre, avec leur frondaison et leurs fruits.
     Ils ont eu, sur les écrivains du xixe siècle, une influence qu'on ne
saurait nier sans injustice. Sur leurs traces, les apologistes catholiques
reprendront la méthode des premiers Pères de l'Eglise montrant les harmo-
nies de la foi avec les besoins profonds de l'âme humaine.
     D'ailleurs, ces constructions métaphysiques qu'aime notre génie, ces
penseurs ne les élèvent que pour rechercher la solution de l'énigme de la
destinée humaine, destinée des individus et destinée des peuples. Blanc de
Saint-Bonnet verra dans la Douleur la grande éducatrice et Ozanam réali-
sera une œuvre admirable de portée sociale, les Conférences de saint
Vincent de Paul.