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entièrement faite pour notre région, d'où une extrême difficulté pour suivre
l'évolution des idées dans une partie du clergé séculier et régulier et dans
les deux autres ordres de la nation. Travail d'ailleurs presqu'impossible,
puisque les discours et les conversations passent sans laisser de traces, et
qu'un mystère voulu enveloppe les actes de ce petit monde des philosophes.
      Je sais bien qu'il y eut un terrain où la politique n'exerça guère d'in-
fluence, c'est celui des communautés religieuses. Certes, les nouveaux dé-
tenteurs du pouvoir pouvaient difficilement leur être sympathiques, mais
c'est contre les atteintes portées à leur liberté'religieuse que ces âmes se
révoltèrent, sans éclat d'ailleurs, continuant avec une héroïque fidélité les
pratiques défendues, cachant, au péril de leui vie, leurs prêtres proscrits. Je
comprends que l'Eglise désire proposer comme modèle ces martyrs dont
les Actes furent parfois aussi beaux que ceux des victimes des premières
persécutions. Tableau bien émouvant que celui de la vie intime de certaines
de ces âmes. Dans ce milieu, où les cadres officiels sont presque détruits, on
voit fleurir des formes nouvelles de piété, des associations pieuses vouées à
la réparation et à la pénitence, auxquelles le secret, rendu nécessaire par la
persécution, ajoute encore je ne sais quel charme. Le culte du Sacré-Cœur
de Jésus a beaucoup rayonné durant ces années de la Terreur, symbole
expressif des vertus que les circonstances tragiques imposaient plus que
jamais aux fervents.




      Les termes magnifiques dans lesquels Chateaubriand dépeint la
renaissance du catholicisme au lendemain du Concordat restent gravés dans
la mémoire. La réorganisation des diocèses sous un régime si nouveau, avec
un clergé où des émigrés coudoyaient des jureurs repentis, ne se fit pas sans
heurt. A Lyon en particulier, où les passions politiques étaient très vives, il
fallut, pour réaliser cette tâche délicate, toute la sagesse de l'abbé Courbon
qui, pendant l'épiscopat du cardinal Fesch, gouvernait le diocèse.
      Mais à côté de cette réorganisation administrative, il y eut une double