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358               DEUX MOIS EN ESPAGNE

   La salle des Deux Sœurs, et surtout celle des Abencerrages
occupent l'autre côté de la cour des lions. Tout le monde sait
que cette dernière pièce, maintenant musée où Ton garde les
antiquités du palais, fut le lieu où furent massacrés les trente-
six membres de cette famille qui lui a légué le nom qu'elle
porte ; quant aux lions supportant une -vasque de marbre
blanc qui orne la cour, dont les auteurs arabes ont publié
tant d'éloges, ils donnent une fort mince idée de leur
talent comme sculpteurs de la figure, que du reste leur
religion leur défendait d'imiter, et surprennent l'étranger
qui ignore cette prohibition, par une grossièreté de formes
qui contraste singulièrement avec les entrelacs si souples
et si finement travaillés qu'ils viennent de lui faire
admirer.
   Les salles basses du palais renferment des étuves, des
salles de pas-perdus éclairées par un demi-jour qui filtre à
travers les dentelles de stuc, tandis que le haut a été garni
de pavillons destinés à jouir delà vue et des jardins et de la
ville.
   Il est impossible de tout décrire, et je crois devoir faire
grâce au lecteur de tous ces détails, pour passer au Généralif
qui est à côté, et était l'ancienne maison de campagne des
Khalifes. Il reste encore quelques vestiges des jardins qui
existaient entre ces deux habitations ; on circule autour
d'un petit monticule d'où l'on jouit d'un immense pano-
rama qui s'étend jusqu'aux montagnes de neige des Sierras-
Nevadas, et de terrasses en terrasses, car il paraît que c'était
le plan auquel les Maures donnaient la préférence, on
arrive au milieu de buis taillés de toutes les manières, de
figuiers, de bosquets de fleurs, mais surtout de petites fon-
taines qui circulent dans tous les sens, à la maison princi-
pale qui est mal conservée, et qui a besoin du souvenir de
l'Alhambra pour être comprise à travers ce dédale de ruines.