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ou L'ÉCOLE DES PAYSANS 47 rir librement dans les environs ; mais c'est une grande erreur ; elles dévorent les grains de notre propriété, ou, ce qui est plus nuisible encore, ceux des propriétés des autres, qui se plaignent et font des reproches ou des procès. ïl faut les garder dans un enclos, où l'on réunit tous les rési- dus de l'exploitation, et, avec de l'économie, on peut trou- ver un bénéfice sur le produit des couvées et des oeufs frais. » La basse-cour était aussi bien tenue que les étables, et la santé parfaite de la volaille prouvait en faveur de son éducation. Quelques oies, dont l'ancienne et fidèle amie de Jean- nette, sa chère Capitoline (c'est un nom que je lui avais donné, en expliquant pourquoi à mes jeunes amis), com- plétaient cette population ailée. Il n'y avait pas de canards, Jeannette n'aimait pas cet oiseau gourmand et barbottant dans la fange. « Allons voir votre jardin, mon cher Pierre, dis-je. » Il nous montra ses arbres fruitiers, tous bien greffés et bien taillés. Après le verger, s'offraient quelques noyers, d'une taille respectable, et des châtaigniers, encore plus gros, qui pro- tégeaient de leur ombre un large banc, rendez-vous ordi- naire de la famille dans les instants de repos. C'est là que jouaient, en ce moment, les deux enfants, qui vinrent nous embrasser familièrement : Jean était un charmant petit brun, vif et pétulant; Pauline était la plus jolie petite blonde qu'on pût voir, et ses traits, d'une douceur extrême, rappe- laient ceux de sa mère. Un épais bouquet d'arbres terminait de ce côté le do- maine de Pierre, à qui il fournissait les bois de chauffage et de construction dont il avait besoin : c'est là qu'avait eu lieu cette scène émouvante de la mèche de cheveux.