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48 PIERRE ET JEANNETTE A côté, étaient les terres labourables, où alternaient le blé, les pommes de terre, le trèfle et d'autres produc- tions ; puis le pré, parfaitement irrigué, qui donnait en été son foin abondant et, à l'arrière-saison, servait de pâture à Fromentine, à Blanche, à Barjolée et à Frisoline. Un petit canton escarpé et rocheux, bordé de buissons d'aubépine, de noisetiers et d'églantiers, était consacré à la chèvre et aux brebis, auxquelles on ne permettait pas de porter ailleurs leur humeur vagabonde et leur dent meur- trière ; les deux enfants étaient d'ailleurs chargés de les surveiller. « J'ai examiné avec un grand plaisir tout votre char- mant aménagement rural, dit mon ami A*** à Pierre ; mais je ne vois pas, parmi vos animaux, ceux que les pay- sans appellent, par égard pour les oreilles bourgeoises, des habillés de soie, en ajoutant même, assez souvent, sauf votre respect. Peut-être, dans un petit domaine si proprement tenu, craignez-vous le séjour d'une bête traitée d'immonde; mais vous savez qu'on a maintenant des porcheries disposées très-convenablement, tenues dans un état de propreté des plus satisfaisants, et l'on en tire de bons revenus. » « Je le sais, répondit Pierre ; ces animaux rapportent de l'argent et on peut les élever proprement; mais les soins qu'ils exigent ne sont peut-être pas compensés par les bé- néfices qu'ils donnent; ils absorbent trop et empêchent de se livrer convenablement aux autres détails de la propriété. Il faudrait, ce me semble, les élever dans des établissements spéciaux, qui ne feraient que cela. (A suivre). EUGÈNE CORTAMBERT.