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      MANUSCRITS DU. TRÉSOR DE L'ÉGLISE DE LYON                  333
puis diverses scènes de la vie de la Vierge et de celle de Jésus-
Christ, des figures de saints et des symboles pieux.
   Nous y avons remarqué une représentation de la sainte Trinité :
Dieu le Père et Jésus -Christ, tous deux coiffés de la tiare, décorés
du nimbe croisé, sont enveloppés du même manteau et distingués
seulement par la couleur de la barbe et des cheveux ; la divine
colombe touche leurs bouches de chacune de ses ailes déployées;
puis deux anges qui adorent une sorte d'ostensoir renfermant la
plaie sanglante du côté de Notre-Seigneur, on lit au-dessous:
Ave, vulnus lateris.
   Les riches encadrements des pages de ces heures offrent, au
milieu de rinceaux peints et dorés, des écus de Langeac, des chiffres
et une devise inscrits sur un ruban. Les chiffres sont composés
des lettres J et M, reliées par un lacs d'amour, une fleur d'ancolie
cachant la partie supérieure de la seconde de ces lettres. La devise
est une marguerite avec ces mots : Jamaiz autre tant. La femme
de Jacques de Langeac, de Ja maison de Clermont, est nommée
Marie dans le Nobiliaire d'Auvergne, de Bouillet, et Isabelle,
dans le Dictionnaire de la noblesse. En présence de ces deux
opinions, ne pourrait-on en admettre une troisième, et penser que
la dame de Langeac s'appelait Marguerite, ce qui expliquerait la
présence de la fleur, complétée par la devise, faisant allusion à
l'amour de Jacques pour sa femme?
   Quant à la fleur d'ancolie, elle se trouve fort souvent reproduite
dans l'ornementation du quinzième siècle. «Les pensées,ancolies et
« violettes, dit Vulson de La Colombière dans sa Science héroïque,
« sont le symbole d'amour envers Dieu et de charité envers le pro-
« chain. » L'ancolie avait été surtout adoptée comme l'emblème de
la tristesse. C'était un de ces rébus dont l'usage était fort répandu
au moyen âge et à la Renaissance.
   La note suivante, qui se lit à la fin des prières, nous donne le
nom de l'habile miniaturiste et la date du livre :
   « Ces heures sont à noble et puissant seigneur messire Jacques,
 « seigneur de Langhac, viconte de La Motte, conseiller et cham-
« bellan du roy nostre sire et furent faittes et escheuees a
« Paris par Jehan Dubrueil escripuain. le XXe jour de janvier,
« lan mil. CCCC. LXIIII. »