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                              L'OME P 0 U P U L A R 1                                  li
   Regardo un pau li pastre : li bon pastre es pas aquéli qu'an
toujour lou bastoun en l'èr ; es pas nimai aquéli que se couchon
souto un sauseeque dormon sus li ribo. Li bon pastre es aquéli
que caminon plan-plan davanssoun escabot en jougant dôu flahutet.
L'avé, que se sent libre, e que l'es efetivamen, despouncho afe-
ciouna lou margai e la oardello ; pièi, quand a lou ventre plen e
que vèn l'ouro de rintrâ,lou pastre sus soun fifre jogo la retirado,
e lou troupèu coûtent s'endraio vers la jasso. Iéu fauansin, moun
ome : jogue dôu flahutet, e moun troupèu seguis.
   — Jogues dôu flahutet! Acô te fai bon dire... mai enfin, dins
ta coumuno, as de blanc, as de rouge, as de testard, as de vie-
dase, coume pertout, anen ! e quand vèn lis eleicioun, pèr un dé-
puta, vole mètre, coume fas ?
   — Coume fau? eh ! moun bon, laisse faire... Car, de ié dire i
blanc: Voûtas pèr la Republico, sarié perdre si pater emai sa
peno ; e de ié dire i rouge : Voûtas pèr Enri-Cinq, autant vaudrié
escupi conro aquelo muraio.
   — Mai lis escambarla, aquéli qu'an ges d'ôupinioun, li pàuris
innoucent, tôuti li boni gènt que varaion, pecaire, ounte lou vent
li coucho ?
   —- Ah ! aquéli d'aqui ? quand, de-fes, à la barbo, me demandon
moun avis :

recette. Il yen a qui vous disent : Il faut le mener dur; d'autres vous disent : Il faut
  e mener doux. Eh ! Lien, moi, sais-tu ce que je dis : Il faut le mener gai.
   — Begarde un peu les bergers : les bons bergers ne sont pas ceux qui ont toujours
le bâton en l'air; ca ne sont pas non plus ceux qui se couchent sous un saule et qui
dorment au bord des fossés. Les bons bergers sont ceux qui marchent doucement
devant leurs troupeaux en jouant du fifre. Les bêtes qui se sentent libres, et qui le
sont effectivement, tondent avec bonheur l'ivraie et le laitron ; puis quand elles ont le
ventre plein et que vient l'heure de rentrer, le berger avec son flfre joue la retraite et
le troupeau content s'achemine vers l'etable. Moi, je fais ainsi, mon brave, je joue du
fifre et mon troupeau suit.
   — Tu joues du fifre! Tout çà c'est boa à dire... mais enfin dans ta commune, tu
as des blancs, tu as des rouges, tu as des têtus, tu as des indécrottables, comme par-
tout, et quand viennent des élections, par exemple, pour un député, comment fais-tu:
   — Gomment je fais? Eh! mon bon, je laisse faire... car venir dire aux blancs :
Votez pour la République, ce serait perdre ses raisons et ses peines ; et venir dire aux
rouges : Votez pour Henri V, autant vaudrait cracher contre cette muraille.
   — Mais, les êtres à califourchon, ceux qui ménagent la chèvre et le chou, ceux qui
 n'ont point d'opinion, les bonnes bêles et tous ces bravesgensqui s'en vont, pechère !
 où le vent les pousse ?
   — Ah ! pour ceux-là, quand, parfois, chez le barbier, ils me demandent mon avis :