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— 242 — Genève ». Il répondit : « Je n'ai jamais désiré le trône de ceux de Genève, mais tant seulement leur salut ». Sur les cinq heures du soir, les médecins qui lui avaient déjà mis sur la tête un emplâtre de cantharides lui appliquèrent le bouton de feu sur la nuque et le front. « Ce qu'il endura très patiemment, jetant toutefois à force larmes et en élevant tant soit peu les épaules, ne proféra autre chose que les noms de Jésus et de Marie ». Une sœur tourière de la Visitation lui dit pour le consoler que l'évêque de Chalcédoine son frère était arrivé : « Ma sœur, il ne faut jamais mentir, répondit-il ». Un religieux lui demanda s'il allait laisser ses filles de la Visitation orphelines ; il répondit : « Celui qui a commencé la besogne la parfera, la parfera, la parfera ». Puis il prit la main du sieur Pernet et murmura : Il se fait tard et le jour est déjà bien abaissé ». Un feuillant lui demanda s'il ne craignait pas les attaques du démon : « J'ai ma con- fiance en Dieu, afnrma-t-il, et il retirera mes pieds de la trappe et du lacet ». Il répéta, pour marquer son inébranlable confiance : « Celui qui a commencé achèvera, achè- vera ». Et par plusieurs fois redit jusqu'à perte d'haleine : « Achèvera, achèvera». Et enfin, ayant ajouté Jésus, il ne parla plus. « Comme il était aux abois, le Père Malabaila, provincial des feuillants de Pié- mont, ayant prié tous les assistants de se mettre à genoux, récita les litanies que l'Eglise ordonne en telle occasion ; et comme il fut venu à l'invocation des saints Innocents (parce que c'était le jour de leur fête), ayant dit par trois fois Omnes sancti Innocentes orate pro eo, à la troisième le saint évêque rendit doucement et tranquillement sa très innocente âme à Dieu ». Dès que l'on connut à Lyon la mort du saint, « le concours fut si grand et dura si longtemps que l'on eut toutes les peines du monde à porter le précieux corps dans l'église de la Visitation ». La Mère de Blonay fit si rapidement les démarches nécessaires que dès le lende- main 29, par ordre de Messire Jacques Olier, les chirurgiens procédèrent à l'embau- mement. « On trouva le fiel durci, desséché et partagé et trois cents petites pierres de la grosseur d'un pois chiche, de diverses formes et couleurs et liées ensemble en forme de chapelet », résultat, disent les auteurs des premières vies des grands efforts que le saint avait faits pour dompter sa colère. On en distribua les plus grosses aux deux reines et aux princes de Savoie. Les entrailles furent déposées dans un vase de terre vernissée (conservé à la Visitation de Fourvière) et enterrées dans une allée du cloître. Sorties plus tard de leur cachette, ces reliques répandirent une odeur si douce que toute la maison en fut parfumée. La table sur laquelle eut lieu l'embaumement est conservée au trésor de la cathédrale Saint-Jean. « Le cœur fut trouvé grand et large, sain et entier... rendant une suave odeur ». Ce trésor, disent les Visitandines, nous fut apporté par M. Ménard, sacristain, curé de la paroisse Saint-Nizier, vicaire général, accompagné de M. Mozac et de beaucoup d'ecclésiastiques avec des flambeaux. Notre Mère et la communauté le reçurent à la grille du chœur dans un bassin d'argent. M. Ménard nous dit des merveilles sur ce cœur qui avait tant aimé Dieu et qui était fort beau et vermeil. Notre Mère le prit, le baisa, ce que firent aussi toutes les sœurs