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 communément ce logis la maison des Anticailles, en d'autres termes, la
 maison des Antiquités.
       Nous sommes en pleine Renaissance, les artistes italiens nous appor-
 tent le culte de l'art grec et romain, l'imprimerie fait de Lyon le centre de
 l'activité intellectuelle de la France, les littérateurs et les poètes sont re-
 cherchés et encouragés par tous les moyens. On les attire dans les salons et
 celui que vient de fonder Pierre Sala éclipsera pendant un siècle ceux des
 Mandelot, des Gondi et des Gadagne, de même qu'il les domine par sa
 situation au sommet de la côte Saint-Barthélémy.
       Dans ces réunions, la place d'honneur est aux charmantes poétesses :
 Louise Labé, dite la belle cordière, Clémence de Bourges, Sybille, Clau-
dine et Jeanne Scève, Pernette du Guillet, Jeanne Gaillard, accompagnées
des poètes Maurice Scève et Jean du Peyrat, le fils du lieutenant gouver-
neur. On entoure les historiens et les amateurs d'antiquités comme Juste
Lipse, Christophe Milieu, le président Nicolas de Langes, le médecin
Symphorien Champier, le recteur Barthélémy Aneau, Paradin, Claude et
Pomponne Bellièvre.
       Les frères Thomas et Guillaume de Gadagne, Barthélémy Panciati-
chi, tous trois banquiers d'origine italienne, et Jean Kleberger, riche mar-
chand venu de Nuremberg, représentent l'aristocratie de l'argent, tandis
que les échevins et les gouverneurs du Peyrat et de Mandelot y défendent
successivement le principe d'une autorité bien souvent attaquée par les
soulèvements des guerres religieuses.
      Suivant l'expression du temps, « on prend plaisir à voir mainte escrip-
ture », qui viennent de sortir des presses de Barthélémy et de Jacques
Buyer et de Le Roy, de Martin Hovart, Trechsel, François Juste, Claude
Nourry, Jean Syber, Roville, Sébastien Gryphe et Jean de Tournes,
pour ne citer que les plus illustres imprimeurs lyonnais de cette époque.
      Mais, par dessus tout, ce qui passionne les hôtes des Anticailles, ce
sont les vieilles pierres couvertes d'inscriptions latines, les tronçons de
statues, de colonnes, les vases et les objets anciens de toutes sortes exposés
autour de la maison. On se passionne pour reconstituer l'histoire de ce
passé romain, si dédaigné jusque-là.
       Chacun, avec son imagination beaucoup, plus qu'avec son érudition,