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seur de Ballanche, tâche périlleuse, déjà ; maintenant, il voulait être un
maître ; ce fut fait en un tournemain : tout de suite il devint un chef. Car
c'est bien un chef celui dont on peut dire qu'« il avait fait revivre dans notre
ville et avait même surpassé les glorieuses traditions des célèbres impri-
meurs lyonnais du XVIe siècle » ; que « l'Europe entière admirait les magnifi-
ques éditions qui sortaient de ses presses, dont les plus habiles typographes
de l'Allemagne et de l'Angleterre égalaient difficilement la pureté et l'élé-
gance suprêmes, ces livres dont la forme paraissait inspirée par le génie des
maîtres de la Renaissance et qui excitaient parmi les rivaux de notre impri-
merie, peut-être encore plus de jalousie que n'en éprouvèrent les envieux
de notre Fabrique de Soieries ».
      Hélas, quel est celui d'entre nous qui pourrait se vanter d'inspirer de
pareilles convoitises? Que sont nos livres auprès des livres dont on peut
parler ainsi ? Qu'avons-nous fait, nous, de l'art légué par de tels maîtres,
où l'avons-nous conduit, dans quelles ornières l'avons-nous traîné ?
     Je n'ai pas assez de place ici pour examiner un à un, même rapidement,
tous les livres qu'imprima Perrin pendant cette longue période qui va de
son établissement à l'Hôtel de Malte jusqu'au milieu du xixe siècle.
     « La Typographie, nous raconte Fournier le Jeune dans le tome I du
Manuel typographique de 1766, la Typographie est divisée en trois parties
distinctes et essentielles, savoir : la Gravure, la Fonte et l'Impression. La
pratique particulière de chacune de ces parties forme des artistes de diffé-
rents genres. Celui qui taille ou qui grave des Caractères est un GRAVEUR ;
celui qui les fond est un FONDEUR ; et celui qui les imprime est un IMPRI-
MEUR ; mais il n'y a que celui qui réunit la science de ces trois parties que
l'on puisse appeler un TYPOGRAPHE. Il y a eu peu d'artistes du premier
genre, un peu plus du second, beaucoup du troisième, et très peu du qua-
trième, c'est-à-dire qui aient mérité le nom de Typographe. L'Imprimerie
n'en compte que trois ou quatre au plus par siècle, qui aient été reconnus
pour avoir réuni ces talens avec succès ».