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3 22                 LE COLONEL COMBES

grands, et enterraient une défaite sous ces cris triomphants :
« La garde meurt et ne se rend pas ! » Nous connaissons
tous ce cri sublime; il commandait le bataillon de la garde
qui l'a prononcé, et sans doute il le prononça des premiers.
    « Cette fois, cependant, ce fut une défaite ; mais vous
allez voir la fidélité du guerrier. Après le désastre fameux
dont je viens de parler, il pouvait, cachant son vieux dra-
peau, reniant le chef de son choix et de son cœur, fléchir le
genou devant un nouveau soleil, et pour de l'or mettre son
épée sous les pieds des vainqueurs; mais son vieux drapeau,
il le montre, quand bien d'autres le cachent; son épée ! de
peur de la flétrir, il la brise ; le chef de son cœur! il n'aura
pas d'autre fortune que la sienne; comme lui il vivra sur
une terre étrangère. Est-il moins beau d'être fidèle que
d'être brave ?
    « Illustre colonel, tu portais un cœur éminemment fran-
çais et par le courage et par la loyauté ; ton nom sera cher
à la France. Vois cette ville qui t'a vu naître, combien elle
est fière de t'avoir donné le jour ! Combien elle s'efforce de
célébrer ta belle vie, ta grande carrière! Et, Messieurs, il
fut un temps où ses premiers pas parcouraient sans éclat
ces places, ces rues, témoins alors seulement de ses jeux
et de sa vie d'enfance. Mais, un jour, il partit, il s'en alla.
Dans sa course, l'amour de son pays, ses talents, sa bravoure,
le conduisirent sur tous les champs de bataille. A chaque
victoire il a grandi; à chaque succès son front s'est cou-
ronné d'une nouvelle célébrité. Et quand il nous revient,
c'est l'illustre colonel, c'est une des gloires de la France.
    « Le voilà donc, Messieurs, et que fera-t-il là? Il nous
inspirera des pensées de dévouement à la patrie et de cou-
rage; il nous montrera que les grandes actions rendent
illustre, et que le souvenir des braves ne périt jamais. Enfin,