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LE COLONEL COMBES 319 mirable sang-froid, au vaillant duc de Nemours les détails d'un succès, auquel il avait eu tant de part et qui lui avait coûté si cher, le colonel, blessé à mort, sentant bien qu'il ne reverrait plusni la France, ni sa ville natale, ni sa compa- gne, que la gloire de son nom ne peut consoler de sa perte, ajouta ces mots si simples et si patriotiques : « la prise de « Constantine est un beau fait d'armes, heureux ceux qui « survivront. » Alors, Combes a été sublime, il a fait battre tous les cœurs français, et il est entré dans la grande famille de nos héros, dont nous sommes si fiers, que la victoire perpétue depuis tant de siècles, et qui ne s'éteindra pas tant qu'il y aura une France. « Ancône et Constantine immortaliseront le colonel Combes. Mais ses hauts faits, quelle que soit leur impor- tance pour le pays, me semblent encore moins utiles que le bon exemple donné par son patriotisme, par son amour pour la gloire, par son abnégation personnelle pour une génération à laquelle on peut reprocher avec quelque raison une préoccupation un peu trop exclusive pour ses intérêts ma- tériels.Sans doute,nos efforts doivent tendre à multiplier les sources de nos richesses dont l'accroissement augmente la fortune publique, mais rappelons-nous que l'or seul n'a pu défendre Tyr et Carthage contre l'épée d'Alexandre et de Scipion, et que l'Angleterre confie a ses flottes, et non pas à son immense industrie, le soin de conserver ses vastes possessions. Défions-nous de cette idée trop répandue que les liens créés entre les peuples par le commerce et par l'extension des institutions constitutionnelles, rendent désor- mais la guerre impossible. Car elle n'est jusqu'à présent qu'une utopie qui pourrait nous inspirer une sécurité dan- gereuse. Il est plus sûr de conserver à notre jeunesse cet esprit militaire qui, depuis, plus de deux mille ans, distingue