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                 DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE                       297

extrêmement remarquables. Les Arabes l'appelaient El-Kébir
(le Grand), ou bien le « maître de la fortune ». Si Dieu
l'avait laissé vivre aussi longtemps que vécut Radetzki, peut-
être n'aurions-nous pas à pleurer la perte des deux pro-
vinces; car celui-là était un vrai capitaine. »
    « L'esprit du Maréchal, dit Louis Veuillot, s'élevait à
tout et descendait à tout. Ce farouche soldat, dont les
journaux se plaisaient à faire de ridicules et odieux portraits,
était l'époux et le père le plus tendre, l'ami le plus dévoué,
le patron le plus généreux, l'un des rares hommes que j'aie
vus oublier aisément l'ingratitude et l'injure. Il allait au
combat portant sur sa poitrine une médaille de la sainte
Vierge, que lui avait donnée sa plus jeune fille. m
   Ecoutons enfin ce que le Maréchal Canrobert répétait à
M. Germain Bapst, en lui tapant amicalement sur les
genoux : « Voyez-vous, jeune homme, j'ai quatre-vingt-
cinq ans; j'ai vu tous les grands hommes de notre siècle :
Bismarck, Cavour et Thiers, Napoléon III, Victor-Emma-
nuel et Guillaume I er . Eh bien, de tous ces hommes, le plus
grand par le cœur, par le caractère, par le bien qu'il a fait
à son pays et à ses concitoyens, c'est le Maréchal Bugeaud.
Rappelez-vous bien ce que je vous dis là, écrivez-le et répé-
tez que c'est le Maréchal Canrobert qui vous l'a dit (1).»



                                VIII

   Pour nous dédommager des invectives contre le duc
d'Isly, les Lettres adressées à Castellane contiennent une


  (1) Le Maréchal Canrobert. Souvenirs d'un siècle (Pion 1898); p. 397.