page suivante »
256 LE COLONEL COMBES taire et entretenu par mes campagnes précédentes, la perspective d'une brillante carrière militaire, mon âge, la honte de ne pas prendre.part à la lutte qui se préparait contre les puissances alliées, me poussaient à suivre l'en- traînement de l'armée vers son illustre chef et à demander du service ; mais d'un autre côté, la position de mon général qui, par suite des conseils et de l'influence du prince de Talleyrand, son oncle, ne voulait point en demander et dont j'étais porté à suivre la destinée, me fit hésiter, car j'éprouvais comme une sorte de pressentiment que de cette décision dépendait mon avenir. « Enfin, entraîné par l'enthousiasme général et par le mien propre, pressé par les instances du commandant de Chambure qui, avec le grade de colonel, était chargé de lever et de commander un corps de partisans en Bourgogne pour s'opposer, sous les ordres du général Lecourbe, à l'entrée des Autrichiens par la Suisse et la Franche-Comté, je me décidai à offrir mes services au prince d'Eckmùhl, ministre de la guerre, et fus désigné pour accompagner Chambure avec le grade de chef d'escadron. » C'est enfin Waterloo. A la tête d'un corps de la vieille garde, il activait — et je dirai même, il était poussé par ces soldats immortels dans la mémoire de tous. A l'issue du combat, voyant que tout était perdu, tandis que nombre de ses hommes gisaient autour de lui décimés par la mitraille, une larme coulait sur la joue de Michel Combes, au dire d'un vieux brave. Certes, il avait raison de pleurer, car c'était la défaite irrémédiable après le désastre de la campagne de Russie. C'était la fin de l'empire ; c'était le commencement de la fin de tous ces généraux, de tous ces officiers qui avaient mis leur épée au service de Napoléon.