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              DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE                    2 29

    Il est vrai que M. de Lanzac de Laborie reproche à
Castellane « la jalousie qui faisait le fond de ses sentiments
à l'endroit de Bugeaud : après avoir refusé de rester en
Afrique, il n'admettait point qu'un autre pût y récolter de
la gloire. » — N'y a-t-il pas là Beaucoup d'exagération ?
D'abord, Bugeaud écrit à Castellane près de deux ans après
que celui-ci a été en Afrique : « J'éprouve le besoin de
vous remercier encore de toute la bienveillance que vous
m'avez montrée dans tout le cours de cette déplorable
affaire (Brassard). Soyez bien convaincu que j'en suis vive-
ment touché et que je ne désire rien plus ardemment que
de trouver l'occasion de vous le témoigner autrement que
par des paroles. » On ne parle pas ainsi à quelqu'un qu'on
soupçonne de jalousie. Que si cette jalousie est venue plus
tard, on n'en trouve point de trace sous la plume de
Castellane, dont aucune lettre n'est citée dans le premier
volume. Ses correspondants sont durs pour Bugeaud; mais
cela les regarde, sauf un mot de Changarnier, rappelant
une appréciation de Castellane sur la nomination de Bugeaud
comme gouverneur général. Seulement la politique et les
souvenirs de B^aye l'ont dictée.
    Louis Veuillot, qui avait été l'hôte et presque le secrétaire
du général Bugeaud, parle ainsi : « Lorsque Bugeaud arriva
en Algérie, il était impopulaire et rendu presque ridicule
par les injures de la presse ; redouté des colons à cause de
sa probité, des généraux et des fonctionnaires à cause de sa
 ralonté ; traité de despote, d'esprit grossier et chimérique.
En France, il avait contre lui toute l'opinion libérale; en
Algérie tout le monde, excepté le soldat qui comptait peu.»
Faut-il s'étonner que Castellane partageât les sentiments
de tout le monde ?
    D'ailleurs, il estimait que l'Afrique était une mauvaise