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214                  VINGT-SEPT ANNEES

seur, d'une élévation de 5 mètres au-dessus du sol, avec
des fossés creusés à pic d'une profondeur pareille. Aucune
brèche n'était faite ; il a fallu passer par les embrasures à
l'aide d'échelles d'escalade... On parle de 3.000 hommes
hors de combat. » Quelques jours après, le même officier
en avoue 4.200 !
    Le général Pélissier, « la tète de fer-blanc », comme
l'appelaient les soldats, n'est pas homme à s'arrêter pour
si peu, et il ordonne l'assaut de Malakoff pour le jour
anniversaire de Waterloo. « Malheureusement, écrit le
lieutenant-colonel Desaint, la journée du 18 juin, qu'on
avait peut-être choisie à dessein pour modifier par un succès
le souvenir d'un glorieux revers, ne nous a pas été favo-
rable. Les Anglais n'ont, d'ailleurs, pas été plus heureux que
nous. Soit intuition du désastre qui les attendait, soit que
les très jeunes soldats qui composent aujourd'hui l'armée
anglaise n'aient pas la solidité et la confiance des vieilles
troupes, les hommes ne voulaient pas sortir des tranchées,
et leurs officiers ont dû les y contraindre, en opposant à
leur inertie des actes de la dernière sévérité. Sur trois de
nos colonnes, deux ont dû.céder devant la mitraille, après
avoir perdu les généraux de division Mayran et Brunet.
Plus favorisée par le terrain, la colonne du général d'Au-
temarre a pu pénétrer, en partie, dans l'ouvrage de Mala-
koff, y implanter même un drapeau français ; mais il lui a
été impossible de s'y maintenir, faute d'être appuyée à
temps par des réserves imposantes. Nous n'avons rien perdu
des ouvrages dont nous étions en possession ; mais il nous
a été impossible de conquérir l'ouvrage de la tour Malakoff,
dont la possession, au dire même des Russes, nous garan-
tirait une prompte soumission de la ville. »