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                    LE CURÉ DE DORNHEIM                     169

on se rendit au château de Neideck, et un banquet eut lieu
dans l'appartement que Gustave-Adolphe avait occupé
avant de partir pour Lûtzen. Tous les frères du comte
Christian de Schwartzbourg y assistèrent.
   On se ressentit pendant longtemps encore des suites de
la guerre. Quelques jeunes gens, fils de bourgeois et de
paysans, s'étaient enrôlés, les uns pour ne plus être mal-
traités, les autres pour jouir de la vie aventureuse des soldats
et des profits du pillage. C'est ainsi que le 18 juin 1630,
six jeunes gens de Dornheim étaient partis avec des soldats
du général impérial Tiefenbach. L'un d'eux avait même
emmené ses sœurs.
   D'autres avaient été incorporés de force. En 1635, les
Croates avaient enlevé des enfants près de Dornheim. Les
parents purent racheter seulement les plus jeunes; les plus
âgés furent emmenés et, après avoir été soldats, se trou-
vèrent jetés, après la guerre, dans les carrières les plus
diverses. Les enfants du curé d'Elleben, village situé près
d'Arnstadt, qui avaient été ainsi enlevés, entrèrent dans le
clergé.
   D'autres furent moins heureux. Beaucoup, étant orphe-
lins, ne recevaient ni instruction, ni éducation, et deve-
naient presque complètement sauvages. Le célèbre roman
de Grimmelshausen, intitulé : Simplicius simplicissimus, est
un tableau fidèle de leur situation. Il est question, dans les
récits du curé de Dornheim, d'un de ces malheureux
enfants. Bastian Dresselt, fils d'un pauvre tisserand de
Bohlen, village des montagnes de Thuringe, avait été chassé
par sa belle-mère du logis paternel, et réduit à mendier pour
vivre. Un conseiller de Breintenbach ( l ) le prit à son

  (1) Au sud-ouest d'Arnstadt.