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DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE 125 « Le commandant s'est conduit admirablement; nous lui offrons une épée d'honneur. « C'est sur ce petit bataillon, dont la réputation était si bonne, que reposa la responsabilité de la retraite, qui fut difficile pendant quatre jours, harcelés que nous fûmes du matinau soir par une nuée innombrable d'Arabes. « Enfin, nous avons laissé bien des hommes, bien des voitures, bien des munitions en arrière; mais il était humainement impossible de faire autrement, et nous avons ramené une grande partie de notre matériel. La retraite s'est effectuée avec un grand ordre, et nous pouvons répéter avec François I er : Tout est perdu, fors l'honneur ! « L'homme le plus admirable de toute la campagne, écrit Ernest de Castellane, d'après lequel les pertes pour cette expédition s'élèvent à 3.000 hommes, tués, blessés ou les pieds gelés, l'homme le plus admirable de toute la campagne a été, sans contredit, le duc de Caraman, qui a eu soixante-quinze ans sous les murs de Constantine. Lorsque l'armée battit en retraite, sur trois chevaux qu'il avait, il en envoya deux à l'ambulance pour porter les blessés, ne réservant pour lui que le plus mauvais. Chaque jour je l'ai vu venir en avant des tirailleurs, ramasser au milieu des balles un des hommes que Ton abandonnait, l'aider à monter sur son cheval, en relever un second et lui dire : « Allons, mon ami, du courage ; nous serons bientôt arrivés à la grande halte : nous n'avons plus que cinq minutes de chemin; prends la queue de mon cheval: cela t'aidera à marcher et, à la grande halte, je te ferai mettre sur un fourgon. » Puis, cet intrépide vieillard prenait son cheval par la bride et faisait son étape à pied, conduisant ses deux blessés. » On sait qu'à la suite de la malheureuse expédition de