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120 VINGT-SEPT ANNÉES laquelle il avait assuré que les Français resteraient fort peu de jours dans Tlemcen, « le temps seulement, disait-il, de consommer les deux galettes dont ils sont porteurs. »... « Le 13, ... à huit heures, nous faisons une halte sur un plateau d'où nous jouissons d'un coup d'œil vraiment enchanteur et qui nous fait oublier toutes nos fatigues. Nous étions au sixième jour de marche, et, dans l'espace que nous avions parcouru, pas le plus petit village ne s'était présenté à notre vue; autour de nous, au contraire, tout nous avait annoncé la plus triste solitude; mais maintenant une belle et vaste plaine se déroulait à nos yeux, et à travers des forêts d'oliviers, nous apercevions Tlemcen, bâtie au pied d'une chaîne de l'Atlas, entourée de villages d'un aspect ravissant... « Mustapha, quittant son fort appelé Méchouar, arrive au-devant de M. le Maréchal. Ce chef, âgé d'environ 70 ans, d'une belle figure et d'un maintien plein de dignité, paraît encore très vert à la manière dont il manie le superbe cheval sur lequel il est monté. En abordant M. le Maréchal, on remarque, malgré les efforts qu'il fait pour se contenir, que ce noble vieillard est vivement ému; enfin, après avoir calmé son cheval, qui s'était cabré en approchant des Français, Mustapha adresse dans sa langue à M. le Maré- chal un discours qui est aussitôt traduit en français. M. le comte Clauzel, tendant la main à notre allié, lui répond avec bonté en lui faisant compliment sur sa belle et longue défense, et tous deux ensuite se dirigent avec leur escorte sur Tlemcen. « A onze heures et demie, une salve d'artillerie, tirée du Méchouar, annonce l'entrée de M. le Maréchal dans Tlemcen. »