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47 6                  LA DEUXIÈME ÉDITION

  d). Le dodécasyllabe (vers de douze syllabes).

    Le vers de douze syllabes apparaît au XIIe siècle. Il tire
 son nom (alexandrin), du roman d'Alexandre, tout entier
 écrit dans ce mètre. Jusqu'à Ronsard, pourtant il ne
prédomine guère, l'octosyllabe et le décasyllabe étant alors
les plus répandus. Olivier de Magny, Remy Belleau,
Jamyn, la Boétie, du Bartas, Baïf, du Bellay (18), le
 connurent, mais en usèrent peu. Toutefois après Ronsard,
 la faveur du dodécasyllabe s'accrut. Régnier l'employa
avec bonheur, sans parler de Malherbe. Au xvue siècle,
il entre définitivement dans la voie du succès ; devenu
la langue habituelle de Corneille, Racine et Molière, il
restera désormais, le plus usuel de nos mètres français.
    Ce vers fut d'abord césure à six, indifféremment avec
une césure féminine ou masculine. Au xvie siècle, un
lettré nommé Jean Lemaire ou Le Maire, proscrivit cette
dernière. Depuis lors la coupe du vers en 6 -\- 6 fut rigou-
reusement exigée. Les Romantiques (xix e siècle) portèrent
une première atteinte à la césure, en décrétant qu'il y avait
des partis heureux à tirer de son déplacement. A la vérité,
Racine dans les Plaideurs, Corneille, parfois même Boileau,
s'étaient laissés aller quelquefois à ce déplacement de la
césure, mais sans se rendre compte de l'avantage et de l'im-
portance d'une telle licence. Chénier en comprit, le premier,
toute la portée. Il usa avec modération du déplacement de
la césure, et souvent avec un bonheur très grand. Hugo s'en
servit d'une façon constante et lui doit d'admirables effets
poétiques. Soulary et Laprade en usèrent prudemment.
Louisa Siefert y céda volontiers. Or, le déplacement de


  (18) Cf. Les Regrets, typiques à cet égard.