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66                    LES SAVANTS LYONNAIS

Je vous avouerai franchement et avec la franchise qui m'est
ordinaire avec vous que j'avais ignoré jusqu'alors votre
exil; j'avais appris qu'il y avait eu sept religieux de St-
Germain exilés, et cela en voyage; comme des religieux
débitaient en badinant cette triste nouvelle et qu'ils ne
nommaient pas ceux qui avaient le bonheur de souffrir pour
la vérité, je ne crus point que Dieu eût encore voulu vous
envoyer cette épreuve de son amour, puisque vous n'aviez
pas rougi de le confesser et de tout sacrifier pour lui. Ainsi
je baise avec respect les liens qui vous unissent à lui et vous
prie très instamment pour l'amitié que vous avez toujours
eue pour moi de vouloir lui offrir vos peines, vos chagrins
et vos traverses pour l'expiation de mes péchés qui sont en
très grand nombre.
   « Je vous dirai aussi qu'il y a environ quatre mois qu'il
vint jusqu'à moi un certain bruit que vous étiez exilé; mais
m'en étant informé j'appris avec plaisir qu'il n'y avait rien
de plus faux et je puis vous assurer aujourd'hui que mon
silence sur cet article n'est point mystérieux, mais unique-
ment fondé sur mon ignorance, et peut-être Dieu l'a-t-il
permis, puisque cela m'a procuré d'avoir aujourd'hui une
heureuse conférence avec le St Évêque à qui j'ai eu l'hon-
neur de lire la vôtre ; il en a été très vivement touché et
pénétré de la plus vive douleur, en apprenant la continuation


il administra tour à tour Noyon, la Séauve-Majeure, Sainte-Croix de
Bordeaux en 1705, Saint-Sever de Cap pendant deux triennats, les
Blancs-Manteaux en 1714, pendant six ans, Saint-Nicaise de Reims,
enfin il fut fait visiteur de Gascogne en 1726. Destitué par ordre de la
Cour en 1728, il se retire à Saint-Germain-des-Prés, d'où il est expulsé,
toujours pour ses menées jansénistes, en 1734 et envoyé, grâce à la
protection de Pontchartrain, à Argenteuil. Il mourut aux Blancs-Man-
teaux, le 24 mars 1737.