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                ET LA BATAILLE DE BRIGNAIS                379

   Comme ils étaient toujours en pays ennemi, les Tard-
Venus ne tenaient qu'un très petit nombre de places fortes et
n'avaient pas de magasins, le ravitaillement leur était fort
difficile et ils étaient forcés de se fractionner pour
pouvoir vivre dans la campagne sans en épuiser trop rapide-
ment les ressources.
   Ainsi divisés il leur fallait à tout prix conserver leurs
communications afin de pouvoir se concentrer à un moment
donné quand des forces sérieuses leur étaient opposées.
   C'est ce qu'ils firent à Brignais. En quelques semaines ils
purent se réunir en une véritable armée alors que les géné-
raux du roi ne croyaient avoir affaire qu'à des bandes dis-
persées. De points très éloignés les uns des autres les
diverses compagnies convergèrent toutes vers le même
champ de bataille où elles arrivèrent au jour fixé, exécutant
de la sorte le magnifique mouvement tournant que nous
avons décrit plus haut dans ses détails. Suivant le thème
favori de certains stratégistes modernes, elles se concentrè-
rent pour la bataille sans laisser à leur adversaire le temps
de les voir prendre leurs positions (16). Telle est la seule
explication de la victoire qu'elles remportèrent.
    Les Tard-Venus avaient ainsi fait de la grande stratégie,
sans s'en douter, par le seul instinct du danger qui les
menaçait, mais l'exemple était donné et la méthode qu'ils
avaient inaugurée allait bientôt prévaloir, d'autant plus
 qu'un grand nombre de capitaines célèbres dans la suite
 avaient fait leurs premières armes à côté d'eux.
    En effet, deux années plus tard, du Guesclin à la tête d'une
 armée composée en grande partie d'anciennes bandes,


  (16) Baron Colmar von der Goltz. La nation armée, trad. E. Jaeglé.
Paris 1884, page 274.