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226               L'INDUSTRIE DE LA SOIE

pas, à dire vrai, un métier; c'était une sorte d'art, un
art domestique, en grande partie réservé aux femmes,
et les ouvrages de ces femmes n'avaient qu'une étroite
consommation. Il en est cependant parlé dans nos anciens
romans. La soie était rare à la vérité. Ne voit-on pas
que Philippe .VI chargea en 1345 un des sénéchaux du
Languedoc d'acheter à Nîmes, pour sa femme Jeanne
de Bourgogne, douze livres de soie qui fut payée près
de 400 francs de notre monnaie par livre ? Les riches
étoffes étaient tirées de l'Orient, de l'Italie, de la Flandre
ou de l'Allemagne ; leur fabrication était chez nous,
vers 1460, un art inconnu ; vers 1480, un art qui nais-
sait à peine et que nous devions apprendre par les leçons
et les exemples d'Italiens et de Grecs. Trois siècles plus
tard, cette chétive manufacture était devenue une des
premières de notre pays et une des premières du globe.
    Il n'est pas exagéré d'en évaluer les produits définitifs,
nous voulons dire les tissus, même au prix abaissé actuel
de la soie, à 640 millions de francs environ.
    Il serait presque impossible de juger avec quelque
exactitude des forces d'une manufacture aussi divisée,
mais on connaît assez bien en quels lieux et avec quels
procédés son fonctionnement s'exerce pour faire une
évaluation suffisante, tout au moins au regard de l'ou-
tillage et du personnel. On peut estimer qu'elle repré-
sente un capital immobilisé de 300 millions, un personnel
de 52*0,000 personnes qui se partagent au moins 350
millions de salaires et de profits.
    Cela fait supposer un mouvement énorme de capitaux,
mais qui est plus grand encore en réalité, car, la séri-
ciculture française ne fournissant à nos fabriques que
12 pour 100 de ce qu'elles consomment, le commerce