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202 MOREL DE VOLEINE mais des engrenages sans intelligence, des bandes de gens inconnus, numérotés comme des paquets, partant pour arriver et non pour cheminer doucement. Adieu, adieu à tous ces plaisirs de nos premières années ! » Cette aversion pour les chemins de fer, qu'il n'était point alors le seul à éprouver, persista longtemps et il fallut de bien vives instances pour le décider, sur la fin de sa vie, à monter en wagon pour rejoindre ou quitter son castel de Cogny, devenu l'unique but de ses voyages. Il eut pourtant le courage de s'arracher à des plaisirs et à des études si chers; l'amour du sol natal, si profond chez lui, l'emporta sur toutes les tentations offertes à ses goûts et à son intelligence. Rentré vers 1844 dans sa province de Lyonnais, il partagea son temps entre Cogny, où l'appelait la gestion de sa propriété, et Lyon où il retrouva les rela- tions de sa famille, ses amis, ses artistes et ses livres. Sa passion pour la musique ne l'abandonna point, mais il eut soin de la maintenir dans la voie tracée par les grands maîtres, la préservant de fréquentations incorrectes et de liaisons douteuses. L'opéra lyonnais ne triompha point de sa 'réserve prudente et éclairée et les abonnés du Grand-Théâtre ne le virent jamais s'asseoir à leurs côtés. Mais il n'était pas exclusif au point de négliger les lieux privilégiés où l'on savait honorer les muses et célébrer dignement leur culte. Avec quelle joie il constatait l'existence des rares adeptes de l'art sérieux ! « La musique de chambre, ce trésor auquel tous les grands maîtres ont travaillé, offre, dans un cercle restreint, autant et plus peut-être de jouissance que les oeuvres dramatiques, les oratorios et les symphonies. Le quatuor est un microcosme d'autant plus parfait qu'il est dégagé des entraves de la scène et des paroles. Parmi les